Believe Digital serait-il sur le point d’arnaquer des milliers d’artistes ?

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Article écrit à l’origine en anglais par Ari Herstand et publié sur Digital Music News, adapté en français avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Un peu plus tôt dans l’année le distributeur français Believe Digital, a racheté la société américaine TuneCore, également distributeur digital. Jusqu’ici tout va bien. Ces choses là arrivent tout le temps. C’était à première vue un super deal pour les artistes TuneCore, car ils pourraient ainsi avoir accès à l’immense réseau de distribution de Believe Digital, avec des bureaux dans 29 pays et une équipe de plus de 250 personnes.

Mais il y a juste un petit problème.

La branche “grand public”, appelée Zimbalam, lancée en 2009 par Believe, est un concurrent direct de TuneCore. Le modèle de Zimbalam était de payer, une seule fois, 34,99€ pour distribuer un album, puis le service retient 10% de commission sur les ventes. Le modèle TuneCore est de facturer un abonnement annuel de 44€ par an par album (environ 26€ la première année) mais en ne prélevant aucune commission.

Alors que va faire Believe avec les 100000 artistes ayant distribué leur musique via Zimbalam ces 6 dernières années?

Les artistes Zimbalam UK voient maintenant ce message quand ils se connectent à leur compte.

Il y a désormais confirmation que ce changement n’affecte que Zimbalam UK, soit environ 2200 artistes, pas de quoi s’affoler donc, mais il semblerait qu’il existe un projet de généraliser ce business model à l’ensemble des artistes Zimbalam, en leur demandant donc de rejoindre TuneCore, avant l’arrêt complet du service Zimbalam dans un futur proche. Espérons que d’ici là Believe fera en sorte que la transition soit moins douloureuse.

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Les artistes doivent retirer leurs titres de Zimbalam UK et les redistribuer avec TuneCore. Ils ont jusqu’au 30 Novembre 2015 pour le faire, faute de quoi Zimbalam retirera les titres des services en ligne.

Les artistes recevront un email de TuneCore “dans quelques jours” avec un code promo leur permettant de redistribuer leurs titres “gratuitement” (mais seulement pour la première année).

Cela semble raisonnable n’est-ce pas ? Sauf que pas du tout.

D’une, on a fait croire aux artistes Zimbalam qu’il n’y aurait “pas de frais annuels” et pas de frais cachés. Sauf que maintenant cela coûtera 44€ par an par album et environ 9€ par single. Vous aviez distribué 4 albums chez Zimbalam depuis quelques années ? Eh bien maintenant ce sera 176€ par an pour les maintenir en ligne avec TuneCore. Ou peut-être aviez-vous sorti un single par semaine sur l’année écoulée, en pensant qu’il  ? Alors c’est 468€ par an maintenant, rien que ça!

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Et le pire c’est que le service Zimbalam UK est toujours actif, les artistes peuvent toujours distribuer de nouveaux titres aujourd’hui.

On peut à ce propos citer un autre distributeur, MondoTunes, qui vient tout juste de complètement changer son offre commerciale (sans laisser le choix aux artistes-clients évidement), en passant de « sans abonnement » à « avec abonnement annuel ».

Au moins Believe/Zimbalam/TuneCore ne vous oblige pas à signer chez TuneCore. Vous pouvez très bien choisir de passer chez un autre distributeur, n’est-ce pas ? Pas si vite…

Retirer votre album de iTunes, Spotify, Amazon, Deezer, Rdio, Google Play…etc va aussi effacer tous les avis clients, les notes, le nombre de lectures (play count), et, pire, vous faire disparaître des playlists

Un client Zimbalam très en colère m’a écrit en disant:

“90% de mes revenus proviennent d’anciennes playlists Spotify, et cela prendrait des années de retrouver la même mise en avant si mes titres étaient supprimés”

Les titres de tous ces artistes qui sont sur des playlists Spotify, Deezer, Rdio, Apple Music, Tidal, Rhapsody et autres vont purement et simplement disparaître, ainsi que la comptabilisation du nombre de lectures. Le support Zimbalam dans ses réponses aux clients inquiets n’a pour le moment apporté que plus de confusion et de frustration, en prétendant que quand les nouvelles sorties seraient redistribuées avec le même ISRC et le même UPC (ce qui est impossible, envoyer un UPC déjà existant constitue un doublon et est rejeté par les plateformes), tout rentrerait dans l’ordre. C’est totalement faux. Ça sent l’action collective en justice tout ça.

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Et voici donc le fameux email de TuneCore, qui n’explique absolument rien.

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Pouvez-vous imaginer si un service comme Yelp (plateforme d’avis participatifs sur les commerces locaux) avait fait ça? Ils se font racheter et disent à tous leurs clients : « désolé vous devez supprimer votre page et en créer une nouvelle chez notre nouveau service partenaire. Tous vos avis et notes seront perdus. Mais c’est pas grave, vous finirez bien par les retrouver !”

Les artistes qui vont suffisamment râler contre le support Zimabalam/Believe se verront offrir la possibilité d’être upgradés chez Believe Digital, ce qui veut dire que leurs titres resteront sur tous les services, mais seront désormais gérés par Believe, qui prendra maintenant 18% de commission (contre 10% avant avec Zimbalam) mais sans frais de gestion annuels.

Mais alors que vont faire ces artistes? Il existe tout plein d’autres distributeurs qu’ils peuvent envisager.

C’est vraiment dommage que Believe n’ait pas mieux réfléchi à cette transition.

Article écrit à l’origine en anglais par Ari Herstand et publié sur Digital Music News, adapté en français avec l’aimable autorisation de l’auteur.

 

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg