Le piège Tidal et l’erreur commune et notoire sur l’argent de Spotify

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Quand on a vu le lancement de Tidal par Jay-Z avec toute la team des “Avengers de la musique”, on doit bien avouer que d’abord on a bien rigolé. Après on s’est dit quand même que bon, non, on allait attendre, ça pouvait être interessant. Et puis on est tombés sur cet article de Cuepoint, que nous avons traduit et qui résumait tout à fait ce que nous pensions. Que Jay-Z se lance dans le streaming, well, d’accord. ça doit être une bataille east coast, west coast, avec Dr Dre qui est devenu milliardaire, ça doit le chatouiller Jay-Z. Et puis quand tous les artistes sur scène auront retiré tous leur catalogue des autres plates-formes, on verra. Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi toute cette incompréhension, commune, autour de l’argent du streaming. Alors on va voir ce que Jay-Z veut faire. Et ça serait cool que vraiment il fasse des choses. Mais le streaming, ce n’est pas que l’argent que cache Spotify ! 

C’était un joli coup de publicité ! Réalisé par Jay-Z, en plus.  Mais la relance du service de streaming TIDAL n’était rien de plus qu’un défilé de célébrités de 15 minutes camouflé en une manifestation revendiquant plus de justice dans la guerre des royautés, rémunération du streaming, artistes vs Spotify…

Jack White, Jason Aldean, Madonna, Rihanna, Daft Punk, Deadmau5, et un tas d’autres personnalités, toutes présentes sur la scène pour prêter serment d’allégeance à un service de musique naissant,  sans valeur ajouté, sans trésorerie, et (à mon avis) avec un logiciel bas de gamme, le tout dans le but de se faire rémunérer.

Et devinez quoi ? Ils ne sont toujours pas prêt d’être payés !

 

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Le fiasco de Taylor Swift sur Spotify a largement attiré l’attention sur le sujet. C’est effrayant pour les artistes de savoir combien de gens ont écouté leur musique, et de comparer avec les infimes déclarations de redevance qu’ils ont envoyé. À dire vrai, ce n’est pas la faute de Spotify. C’est celle des labels.

Regardez, tous ces artistes sur scène sont signés sur des labels. Pour certains, ils ne sont pas propriétaires de leur musique car c’est leur maison de disque qui est producteur. Les artistes ne négocient donc rien du tout. Les contrats de licence d’exploitation du catalogue sont passés entre les plateformes (Spotify, iTunes, Tidal…Etc) et les majors/labels/distributeurs. Ensuite chaque artiste signé en label a des termes qui peuvent être spécifiques dans son contrat d’artiste qui le lie à la maison de disque.
Le modèle économique de répartition des royalties de Tidal est exactement le même que celui de Spotify; La différence principale est qu’il n’y a pas de formule gratuite, et qu’on attaque tout de suite un plan payant à 9,99 et un à 19,99, donc forcément mécaniquement cela “rapporte” plus en termes de reversements aux ayant-droits. Donc on ne peut pas dire que cela “transforme radicalement” l’industrie…

Les artistes  ne sont pas payés par les services de streaming parce qu’ils ne possèdent pas la musique qu’ils enregistrent.Spotify n’est pas en possession de cet argent. Ils n’ont pas de bunkers remplis de lingots cachés dans leurs sous-sols à Manhattan. Ils sont légalement tenus à payer les ayants droits et ils le font ! Et le comble, c’est que ces labels sont les copropriétaires des services de streaming. Si Spotify est acquis, les labels obtiendront un paquet d’argent (ils ont tous des actions dans la société), et pas un sou ne sera reversé aux artistes (alors qu’ils le devraient).
Mais quand TIDAL sera racheté, vous savez qui sera payé ? Jay-Z. Pas un groupe de rock indé de Cleveland.
Tidal spotify streaming

Je sais que c’est dur  à avaler. C’est difficile à comprendre. Comment le travail d’un individu créatif peut il être soudainement la propriété d’une société ? Mais c’est le jeu. Les labels possèdent le contenu, car ils investissent dans le développement de ce contenu, qu’ils vendent en gros à TIDAL et à d’autres services. Et c’est ça qui est payé. Si un artiste obtient quelque chose (parfois oui, parfois non), c’est parce que l’accord qu’ils ont avec leurs labels permet pour une petite portion des ventes d’être payé en dehors des royalties (après avoir récupéré leurs avances bien sûr).

Tidal/Wimp existe quand même depuis 2010 (Wimp s’appelle Tidal aux US, UK…etc.) et ce service n’a jamais pu concurrencer sérieusement Spotify. Ici c’est simplement une “relance” de ce service, sans changer l’offre (le plan “normal” et “high fidelity” existaient donc déjà) mais avec une belle brochette de stars pour assurer le marketing.
En plus, la plupart de ces artistes sont en labels, ne sont pas propriétaires de leurs masters, donc les gagnants vont être en premier lieu les majors. Que ces artistes possèdent chacun 3% du capital ne change pas grand chose, étant donné qu’aucun service de streaming n’est rentable aujourd’hui…

Si nous voulons la guerre, faisons la guerre. Mais faisons la contre les contrats injustes passés avec les labels, et non contre les services de streaming qui ne reversent pas assez d’argent gnagnagna.

Vous  voyez les labels se plaindre des services de streaming, si ? Vraiment ?

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

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