Jared Leto (30 seconds to Mars) sur comment survivre à un procès de 30 millions de dollars

Dans un récent article de Fast Company, Jared Leto, acteur (Fight Club, Requiem for a Dream..et Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour sa performance dans Dallas Buyers Club en mars 2014), leader du groupe Thirty seconds to Mars, lancé en 1998 avec son frère,  s’exprime sur ses galères, plantages, business, creativité…Pour parler de tout ça, l’acteur, musicien et entrepreneur sort un nouveau documentaire, Artifact, sur son groupe Thirty Seconds To Mars, les galères de l’industrie musicale, le procés de 30 millions de dollars qu’a voulu lui infliger sa maison de disques…et tous les conseils qu’il peut donner pour survivre.

Acteur, entrepreneur, musicien, Jared Leto a avec son groupe Thirty Second To Mars composé de son frère Shannon Leto et Tomo Milicevic, vendu plus de 5 millions d’albums dans le monde. Mais perçu zéro dollar exactement de ses ventes.

En 2008,  le groupe a essayé de renégocier son contrat avec Virgin (qui appartient à EMI, Universal maintenant). La réponse d’EMI a été d’attaquer le groupe en justice et de réclamer 30 millions de dollars, alors que le groupe allait partir en studio pour enregistrer son prochain album. (Un peu la pression…).

C’est à ce moment là que Jared Leto a commencé à filmer le challenge qu’a été l’enregistrement de leur troisième album “This Is War”, entre deux rendez-vous chez son avocat. Avec pour résultat ce documentaire “Artifact”. Leto l’a sorti sur sa plateforme vidéo haute qualité Vyrt (plate-forme qu’il a lui même lancé!). Il est maintenant sur iTunes également (et dans quelques cinémas).

Vyrt  Artifact

Il a tenté dans ce documentaire de décrire les difficultés qu’il peut y avoir à jongler entre créativité et business. Et tout ce paradoxe d’être admiré et d’avoir des fans tout en ne gagnant pas un sou de sa musique.

Leto se pose depuis longtemps la question de la collaboration possible art/business. Lors de SxSW, Leto et le fondateur de BuzzFeed Jonah Peretti se sont entretenus sur tous les moyens de monétiser la création et les contenus via la publicité, les abonnements…

Mais la question qui se pose principalement Leto dans le documentaire est surtout celle du nouveau business model. Y’en a t’il un?

Spoiler alert : Leto ne révèle pas dans son documentaire le secret d’un nouveau modèle qui sauvera l’industrie de la musique, son groupe finira même par re-signer chez Virgin/EMI. « Nous sommes arrivés à trouver un arrangement. C’est mieux mais pas encore parfait » dit-il. En chemin il a appris de bonnes leçons sur comment les artistes se font souvent avoir dans leurs contrats. Ici, de ses propres mots, c’était sa seule perspective alors que son groupe a un succès planétaire mais qui techniquement doit encore plus d’un million de dollars à son label.

 

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Sur le témoignage de Leto:

  • Business As Usual

“Nous avons signé un contrat qui n’était pas génial. La raison pour laquelle nous avons fait ça et que tant de gens font ça, c’est parce que lors de la signature, on te dit qu’en cas de succès, on peut renégocier. Ce que l’on ne savait pas, c’est à quel point les choses allaient mal pour les maisons de disques et à quel point il serait difficile de modifier le contrat. Nous avons vendu des millions d’albums. Ensuite nous avons réalisé que nous ne serions jamais payés et que nous avions encore des millions de dollars de dettes. Notre erreur a été de dire oui à une “tradition”.

Cela a été une erreur qui était représentative de l’époque où nous avons signé le contrat (NDLR Il y a plus de 10 ans ). Maintenant c’est moins cher et plus facile que jamais de faire un album, de l’enregistrer et de le faire sonner plutôt bien. C’est moins cher et plus facile que jamais de distribuer de la musique. Mais c’est plus difficile que jamais de trouver un public et d’avoir une carrière qui dure. Certaines choses ont changé, d’autres non.

Selon moi, que cela soit une major, une « minor », un label indé ou quoi que ce soit, ils pourraient rédiger des contrats qui leur laisserait faire beaucoup de profits, des contrats clairs, transparents, de quelques pages. Des contrats qui donneraient envie aux artistes de travailler avec des labels, et vice versa. Mais pour une raison ou pour une autre, cela ne se fait pas. C’est la culture. C’est institutionnel. C’est la relation difficile entre créativité et business. Mais vous imaginez si la Silicon Valley traitait les entrepreneurs de la même manière ?

  • Sur l’entourage

Toutes les personnes avec qui nous travaillions [chez EMI, qui depuis a été divisé et vendu] sont maintenant parties ou ont perdu leur entreprise. Il n’y a plus aucune trace d’eux.  C’est absolument dévastateur.

Vous devez vous battre pour ce en quoi vous croyez, pour ce qui est juste. Cela sera toujours une part importante de Thirty Seconds To Mars. Je pense que cette expérience nous a rendu meilleurs. Cela nous a ouvert les yeux. Vous pouvez vous révolter, et vous pouvez réussir l’impossible. Sans cette bataille je n’aurais jamais lancé Vyrt. Tout l’esprit du film est axé sur le futur et les nouvelles opportunités. Nous avons fait d’une pierre deux coups et avons distribué le film live sur Vyrt. Cela a été un grand succès, financièrement.

VYRT Jared Leto

  • Coda

L’industrie de la musique est toujours dans une situation incertaine. Les ventes digitales sont de nouveau en baisse. Elles n’ont certainement pas remplacé les ventes physiques. C’est une période pleine de challenges. Vous devez être incroyablement créatif, incroyable proactif pour survivre, et pas seulement Thirty Seconds To Mars. [Les majors] ont assez de succès avec leurs artistes les plus gros pour pouvoir être tranquille. Elles ont encore beaucoup de valeur. Les labels et les artistes sont quant à eux en train de regarder l’horizon en se demandant à quoi va ressembler la suite. Quand est-ce qu’un peu d’équilibre va revenir ?

Un jour, une startup arrivera et repensera tout le système.

Lust Love Faith + Dreams, toujours chez Virgin, est arrivé 6ème au Billboard 200 de mai 2013. Le dernier single de Thirty Seconds To Mars « City Of Angels » est dans le top 10 Radio de la musique alternative. Regardez un court métrage inspiré par le single avec en guest Kanye West, Steve Nash, Alan Cumming, Lindsay Lohan, Juliette Lewis, Selena Gomez, Shaun White, Ashley Olsen et plus, ici.

Photo par Matt Carr

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

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