« LA MUSIQUE À CELUI QUI LA FAIT !» Par Nilda Fernandez, Artiste-musicien

Ou “Prélude au Retour de l’Artiste-Producteur”…

Rencontrer, et travailler avec et pour Nilda Fernandez est un plaisir artistique comme intellectuel. De ces textes et mélodies à ses reflexions sur le statut de l’artiste, l’homme pousse à la remise en question constamment. Il ne s’arrête pas non plus à ce que veut le marché. Il a décidé de travailler et travailler sa nouvelle production comme il le souhaite et non comme on lui demande.

Quand j’ai rencontré Nilda pour la première fois dans une brasserie, il m’a raconté son parcours, son combat quotidien pour travailler comme il l’entendait et les innombrables galères pour s’imposer comme artiste et producteur capable de comprendre ce qu’on lui dit et d’avoir un avis. L’artiste a fait 1000 choses. Vivre et chanter en Russie, monter un spectacle avec des artistes de cirque à Cuba, mettre en scène Carmen avec des artistes de flamenco, bâtir un spectacle avec des amateurs sur la mémoire de la ville d’Ivry, chanter avec Adamo, Dorval, Mouss et Hakim, Georges Moustaki, Lara Fabian ou la soprano Sylvie Brunet…

Et c’est de toutes ces experiences qu’est né  un manifeste de 7 pages, « LA MUSIQUE À CELUI QUI LA FAIT!» Prélude au Retour de l’Artiste-Producteur” dans lequel il brosse, à travers différents chapitres, le lien artiste/culture, la naissance et le déclin de l’industrie, et le developpement de l’artiste producteur…Ne voyez pas ce texte comme encore une apologie du “c’était mieux avant”. Bien en au contraire, Nilda est passionné de technos et trouve cela essentiel à l’évolution de la “condition” des artistes. La première citation est très parlante: “J’espère lutter pour continuer l’indépendance qui me sauve” de Frederico Garcia Lorca.

Ce qu’il écrit, Nilda se l’applique aussi à lui même. Il a produit lui même et va distribuer son nouvel album sur son site, en proposant un abonnement à un tout petit prix. Tous les mois, une nouvelle chanson sera ainsi proposée. Les “déjà” abonnés y auront accès sans repayer et les “nouveaux” auront accès à celle-ci plus aux anciennes. Assez nouveau pour lui donc comme moyen de diffuser sa musique, mais en tout cas, le seul qui lui convienne . Et dans quelques jours, son nouveau titre “Le gang” sera lancé. Un vrai pari.

Je reproduis ici un des chapitres du manifeste “la fin d’une industrie”. Et un nouveau dans la semaine.


LA FIN D’UNE INDUSTRIE

“Il n’a pas raison, celui qui dit « maintenant, maintenant », les yeux braqués sur le guichet, mais celui qui dit « demain, demain », et sent venir la vie nouvelle qui point au-dessus du monde”.  FEDERICO GARCÍA LORCA

Cet âge d’or de l’industrie musicale a légué des oeuvres extraordinaires. Cependant, grâce à des profits colossaux, les artisans d’autrefois, esthètes et découvreurs d’artistes, se sont mondialisés en s’associant à des capitaux de provenances aussi diverses que les boissons gazeuses, l’armement, les chaînes de télévision… etc, dont ils devenaient à la fois la vitrine, la danseuse, la poule aux œufs d’or et l’alibi.

Sans toutefois réclamer l’élimination des artistes «locaux» (c’est comme ça qu’on les nommait) tant que leurs ventes de disques couvraient au moins les frais fixes, les actionnaires invisibles ont perçu leurs dividendes en grande partie grâce aux figures anglo-américaines, seules à bénéficier (sauf exceptions) d’un véritable retentissement planétaire. Ainsi, progressivement, chaque PDG « local » d’une filiale « nationale » de ces « multinationales » autoproclamées «majors», est devenu un «vassal», payé pour appliquer des directives « verticales » auxquelles il ne peut se soustraire.

Quant à l’artiste-musicien, « international » ou « local », tel un paysan-métayer endetté par les emprunts, vivant à crédit par le jeu des avances dont le calcul tenait davantage de la divination que de l’arithmétique comptable, il a progressivement marché dans toutes les combines, aliénant son autonomie en hypothéquant son futur.

Aujourd’hui, tout cela est obsolète. S’il est vrai que, par le passé, l’industrie du disque a eu les moyens de jouer un véritable – et, souvent, respectable – rôle d’investisseur ou de découvreur grâce au talent de certains visionnaires, il y a belle-lurette que ce n’est plus le cas. Infestée d’incompétence, préoccupée par sa propre survie, sommée de maintenir les dividendes de ses actionnaires et les salaires exorbitants de ses dirigeants, l’industrie fonctionne à flux tendus, avec une longueur de vues qui ne dépasse pas le semestre.

Dans ce sauve-qui-peut, certains artistes, convaincus d’être conjointement lésés par cette dégradation, sont vaillamment montés au créneau contre le piratage qui leur portait soi-disant préjudice. Erreur de discernement: l’artiste génère le contenu, l’industrie le conditionne et le vend. Ce n’est pas la même chose. De plus, comme on l’a vu, la reproduction des œuvres étant un phénomène récent, les revenus faciles qui en procèdent revêtent, aux yeux de quiconque, un caractère difficilement défendable.

Qui plus est, l’évolution de la société – et de son économie – ne va pas dans ce sens. Tout comme les paysans récupèrent peu à peu le sens de leur travail et leur place au centre de leur production,

Il est temps que l’artiste-musicien vive avec son temps et se réapproprie le terrain perdu en commençant par une radicale remise en question du terme de « producteur », confisqué par ceux qui financent ou/et commercialisent sa musique.

Vous pouvez telecharger le manifeste de Nilda FernandezLA MUSIQUE A CELUI LA FAIT. Et un autre chapitre dans la semaine…

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

2 comments

Je suis tres surpris que cet article parvienne exactement le jour ou sur le mur de nilda je faisait allusion au defunt poete alchimiste mano solo….sur la calamite sonore du mp3…vous y refere svp.mais comment ne pas par l’ancienne volonte de reseaux collectif..aussi pour regrouper des achats en ligne des createurs desireux de proposer du vinyle…cette piste permettrait l’inefable probleme de copier coller et ainsi permettre a une galette 45 t de voyager par lecbesoin du collectionneur…besoin qui parait maintenant avoir ete inventer par les majors de cd..et expolie le concept meme de chsnson unique….bravo nilda…c vraiment une bonne piste(tracks en an anglais…en espagnol?)

fan de Nilda depuis de nombreuses années!!!! j’attends avec impatience son livre dédicacé!! quant à ses chansons que dire!!! sublimes!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
à bientôt Sylvie

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