Il est plus facile de vendre un sourire que de vendre la musique

On continue notre semaine avec un de nos amis QuebecoisMarc André Laporte, du site Donne Ta Musique. En ces jours sombres Au Quebec, où la fameuse loi 78 restreint les libertés individuelles de manière assez drastique, je continue à publier du quebecois. Voilà.

Dans son dernier article Marc André revenait sur un sujet dont on ne parle pas assez: la stratégie de la gratuité comme unique stratégie. Sauf que…non. Maintenant tout le monde donne sa musique, ou des bouts, des vidéos, des trucs, des morceaux…C’est pas pour cela qu’elle va être écoutée…La suite, c’est comme d’habitude, il faut travailler…

Dans ce nouvel article, il revient sur l’expérience. Parce que vouloir vendre c’est bien. Se contenter de balancer son album, ça le fera pas quand même. Internet a totalement révolutionner la manière dont on appréhende la musique. Comme le dit joliment Marc André “On réinvente la façon de vendre des couches et des rasoirs depuis des décennies. Mais vous chers musiciens, vous êtes entêtés. Vous ne vendez rien.

L‘art ne vend plus. L’expérience associée à l’art est le lien entre le consommateur et votre poche. Le cinéma a compris le concept en proposant l’expérience 3D, les sièges qui bougent, les salles de cinémas haut de gamme avec service aux tables et lazzy boy.

Vous êtes musiciens et vous lancez un album. Okay. Ce n’est pas aussi simple. Très peu de consommateurs vivront une expérience à la Avatar en écoutant votre album. Seuls vos fans l’ont vécu et le vivrons peut-être une autre fois. Vos vrais fans. Pas ces nouveaux fans qui apparaissent pour cliquer j’Aime sur votre page Facebook et disparaissent aussi rapidement. Voyez-les comme ces personnes qui entrent dans votre boutique, goûte à votre échantillon de chocolat belge et quittent sans acheter. Vous ne les avez pas convaincus. Oubliez-les pour l’instant. Eux ils vous ont oublié.

L’expérience et la notoriété


L’expérience en musique se vit par le spectacle, les éditions limitées, la relation ami ami avec vos fans. Très peu par l’album. Le Web et le 2.0 ont tout chamboulé et l’industrie n’est pas capable de s’en remettre. L’album est facile à voler. L’expérience elle; impossible.

La notoriété simple et efficace existe peu dans l’émergent, le DIY, le culturel. Vous n’êtes pas les Stones. Encore moins les Beatles. Vous êtes peut-être Lady Gaga, il y a huit ans.

La majorité des campagnes promotionnelles, que ce soit pour la vente d’un album ou du spectacle, ne vendent rien. Elles ne font qu’annoncer un fait. Grosse erreur. Mise à part quelques un d’entre vous avec des vidéos promos suggérant une émotion ici et là, j’ai le plaisir de vous annoncer chers amis musiciens que vous êtes statique. Vous êtes froid.

Ceci est le titre de mon album. Ceci est mon nom. Ceci est l’image de la pochette de mon album ou encore mieux, ceci est mon visage en mode séducteur hédoniste.

Ceci fera la job.

Maintenant, on va en mettre sur le Web, dans le journal, dans la rue ou bien à la télévision (pour les plus riches). Ceci est la stratégie utilisée pour environ 96% des projets mis en vente. (Aucune étude à l’appui, uniquement un sens de l’observation.) Dites-vous que pour que cette promo soit un succès, vous allez devoir faire preuve d’une notoriété digne du Cesars Palace à Vegas.

On réinvente la façon de vendre des couches et des rasoirs depuis des décennies. Mais vous chers musiciens, vous êtes entêtés. Vous ne vendez rien. Vous ne me proposez aucune émotion. Vous constatez des faits. Ce divan est brun et ce café est corsé. Par contre pour certains, sur ce divan je me sentirai comme si j’avais les fesses dans le sable. Et ce café, il me fera voyager sur deux continents en une seule gorgée.

Qui êtes-vous pour penser attirer des inconnus vers votre projet si vous ne faites pas cet effort minime afin de créer une émotion? Il me fera voyager votre album? J’aurai l’impression de réaliser un rêve d’enfance lorsque j’assisterai à votre spectacle? Cette chanson doit être écoutée en famille car elle solidifiera le lien entre mes parents et moi?

Dans le texte Running Effective Music Advertising Campaigns de Bruce Warila, il propose une campagne type pour un spectacle local. On peut y lire “Objectif: augmenter mon audience de cinquante à cent personnes. Proposition: rencontrez des personnes comme vous et ayez du bon temps lors de ma soirée. Message: bonne bouffe, belles personnes, bonne musique, aucun prix d’entrée. Photo ou vidéo: image ou séquence des gens dans l’audience et de la salle. Non de l’artiste. La campagne a comme objectif de vendre une soirée agréable avec des personnes similaires. L’artiste lui, a un rôle second.”

“The advice here does not apply to every artiste. With niche artists being exeption, if you can’t fill local venues with fans, don’t worry about squeezing your logo and an iTunes linking every banners ad, and stop pushing pictures of yourself unless you’re hotter than the sun.”

Et un petit coup dans l’ego de musicien! Maintenant, soyez original. Moi qui ne vous connais aucunement, vous devez me convaincre que votre projet me fera vivre quelque chose d’agréable et de différent. Ensuite je serai peut-être tenté de goûter à votre chocolat belge.

D’ici là, n’oubliez pas cette phrase:

Il est plus facile de vendre un sourire que de vendre la musique.

Vous pouvez retrouver cet article sur le site Marc André Laporte

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About Marc Andre Laporte

Diplômé en Communication-Marketing à l’Université du Québec à Montréal, Marc-André est directeur du marketing de la radio CISM 89,3 FM. Sur son site www.donnetamusique.com, il transmet ses idées, essaie des nouvelles stratégies et discute de l’actualité musicale.

4 comments

Je dois dire que cet article ne m’a pas laissé indifférent mais à mon sens pas pour la raison à laquelle l’auteur penserait (genre “ah ben ouais vous avez raison on va faire comme ça désormais”).
Non, cet article m’inspire autre chose, de mon expérience personnelle de consommateur boulimique de musique, les deux seules choses qui m’incite à “découvrir” un projet musical sont :
– La manière dont les autres (et non le ou l’artiste) vont m’en parler. Ça peut être un article de presse qui va faire des comparaisons audacieuses, ça peut être un ami à qui je fais confiance sur ses goûts musicaux
– La musique en elle même, cette sensation de plaisir à la premièer écoute d’un morceau découvert via un media quel qu’il soit.
Je pense que la force des musiciens c’est avant tout les chansons, la création, les idées. Je ne pense pas que cacher un projet musical derrière une stratégie soit la manière, à mon sens, de sensibiliser un public. Pour illustrer mon propos, on parle de Lady Gaga, “Poker Face” est une killer song, sans ce genre de hit qui ratisse tout azimut je ne pense pas que n’importe quelle stratégie, aussi audacieuse soit elle, l’aurait menée là où elle est désormais.

Cet article serait tout à fait pertinent si la distinction entre promoteur et créateur se faisait naturellement. Seulement les artistes ne peuvent pas vendre des rasoirs comme on vend de la musique compte tenu de cette petite chose que l’on nomme “intégrité” ou “préoccupation morale”. Il est facile de repenser sa stratégie, de s’adapter en fonction du conduit à travers lequel on élabore la promotion de son produit mais la démarche devient radicalement plus pénible quand il faut faire passer l’oeuvre en second plan et n’en parler qu’à travers les malheureux artifices associés à son champ lexical…

Tout à fait d’accord Mottron, l’artiste créateur à la différence du promoteur n’est pas là pour créer un besoin. Sinon ça veut dire que c’est celui qui a la meilleure stratégie qui est le plus écouté parce qu’il a créé le besoin de l’écoute ou est la finalité du truc à ce moment là? Je suis fatigué de ce discours “pull not push”. Nous les musiciens nous n’avons pas à nous excuser pour ce que nous sommes puis nous cogner tout le boulot des “promoteurs” professionnels des labels.

Bonjour,

après lecture de cet article, je trouve tout à fait cohérente la démarche proposée.
Le musicien est un artiste avant tout, dont la valeur est sa composition.
Il s’agit maintenant pour lui de faire vivre sa musique : la musique ne vit qu’au travers des oreilles de l’auditeur.
Je trouve belle l’idée de transmettre l’émotion à travers la rencontre avec les fans : il ne faut pas s’y tromper, si la composition et la mélodie – qui sont les critères primaires de choix de l’auditeur – ne sont pas à la hauteur, le musicien n’arrivera pas à vendre son oeuvre, quelle que soit sa relation avec les auditeurs.
En résumé, cette stratégie ne remet absolument pas en cause la valeur émotionnelle de l’oeuvre musicale. Elle consiste simplement à humaniser la relation de l’artiste avec son fan, et à crédibiliser sa démarche de vente.

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