Stratégie pour les artistes DIY: la stratégie de l’accès

Lucien de Baixo s’est donc lancé dans un dossier de “DIY Cookbook” découpé en différentes parties. Il traitera ici de stratégies, et notamment des stratégies de vente et de visibilité. Alors j’entends d’ici certaines personnes hurler “quoi mais tu parles trop de marketing, et l’artistique là dedans”. Et ces mêmes font de la promo….Et justement, on fait comment pour le pousser correctement l’artistique si on s’est pas posé la question de où, quand, quoi, comment. Sinon, on peut parler magie. Mais tout le monde n’est pas Garcimore. C’est dommage j’en conviens.

Dans cette série d’articles, Lucien vous présente trois stratégies de ventes qu’il trouve particulièrement bien adaptées pour un artiste indépendant qui souhaite vendre sa musique. Il tentera de vous donner une vision d’ensemble sur leurs fonctionnements et ce qui est nécessaire de respecter ainsi que leurs avantages et inconvénients.

Dans une première partie, Lucien vous a expliqué  ce qu’était la vente de biens et le marketing mix . Ici il nous parlera de l’accès à vos contenus..

Je rappelle aussi à toutes fins utile que Lucien est un artiste. Indépendant. DIY. Voilà.

Dans mon article précédent, je vous avais fait un aperçu d’une stratégie de vente construite sur le marketing mix. Je concluais que l’effort à fournir était presque identique pour vendre un produit à 1€ qu’un autre à 1000€. J’ajoutais également que la vente de musique au titre n’était pas des plus intéressantes pour l’artiste indépendant. Il existe pourtant des méthodes marketing qui permettent de contourner ce problème et l’une d’elles est la stratégie de l’Accès.
Voici quand et comment mettre en place cette stratégie.

Principe général

Son principe de base est simple, plutôt que de commercialiser votre produit, c’est son mode d’accès qui sera vendu. Sur le marché de la musique, cette stratégie à un énorme avantage : avec la dématérialisation de la musique, l’accès à celle-ci peut prendre n’importe quelle forme, physique ou immatérielle. La seule limite étant votre imagination et quelques règles à suivre.

Quand faut-il l’appliquer ?

Il faut d’abord que l’on soit confronté à ces 2 problèmes à la fois :

– Mon produit n’est pas suffisamment attrayant soit de par ses qualités intrinsèques, soit vis-à-vis des produits concurrents ou encore par des effets de mode.
– Les bénéfices par produit sont trop faibles, nécessitant de réaliser un chiffre d’affaire qui ne peut être atteint avec vos capacités commerciales ou celles du marché.

Lorsqu’on est confronté à ces deux problèmes, on cherchera alors s’il existe un type d’accès qui aura un meilleur attrait et permettra de dégager des bénéfices par produit nettement supérieur.

Comment construire sa stratégie d’accès ?

Au niveau théorique, on reprend notre marketing mix à 6P vu précédemment. Mais ici le P de Produit sera remplacer par le Pa de “Produit Accès”, on pourra parler d’un marketing mix 5P+Pa. Dans votre étude marketing, on définira ce “Produit Accès” (Pa) de la même façon que le Produit vu dans les 6P (c’est-à-dire sa qualité, son design et ses fonctionnalités). Mais on inclura comme une fonctionnalité le Produit qu’il faudra à son tour définir.

Exemples de cas concrets

Les deux exemples que j’ai choisi de vous présenter, ne sont pas forcément les meilleures solutions en termes de rentabilité, mais ils sont très explicites sur la mécanique de la stratégie d’accès. Ce sera à vous de trouver les solutions qui vous conviendront le mieux. Mon conseil étant d’essayer se servir de ce qui vous entoure et d’aller toujours vers la simplicité.

A/ Un T-shirt comme support

Au lieu de mettre en vente votre album sur iTunes ou Bandcamp, il sera disponible uniquement via l’achat d’un T-shirt. Celui-ci aura un imprimé contenant un lien vers un page qui vous permet de télécharger l’album.

Ce lien pourra être fait soit avec une url normale ou raccourcie*, voir en utilisant un QR code. Le téléchargement pourra être protégé soit par un mot de passe qui se trouverait par exemple à l’intérieur du T-shirt ou juste une inscription à votre mailing-list.

En utilisant un T-shirt comme support pour votre musique, on répond bien à la problématique de la stratégie d’accès :

1er) le Pa qui est plus attrayant que P, et ce, à plusieurs niveaux. D’abord parce que votre musique est matérialisée, puis par le côté utile du T-shirt et bien sûr par son esthétique. A cela, l’expérience peut-être améliorée si le packaging du T-shirt est bien pensé, par exemple un emballage ingénieux au lieu d’un simple sachet plastique.

2ème) Le bénéfice par produit est bien supérieur (à la condition bien sûr que les T-shirts aient été achetés à un bon prix et que le prix de vente ne soit pas trop faible.)

Dans ce cas, j’ai pris l’exemple d’un album, mais cela fonctionne aussi avec juste un morceau. Imaginez par exemple, à chaque morceau de l’album correspond un T-shirt ayant sa propre couleur. L’inconvénient majeur ici, est qu’il vous faudra achetez en lot et gérer un stock.

* attention de bien utiliser une adresse raccourcie persistante

B/ Un jeu vidéo où l’on gagne de la musique

Imaginons un jeu vidéo, par exemple un casse-brique, un FPS ou une course de voiture qui contiendrait autant de niveaux que vous auriez de morceaux dans votre album. A chaque niveau gagné, vous débloquez le téléchargement d’un morceau. Là encore, on rempli bien les deux conditions de la stratégie d’Accès et cette fois-ci avec un bien immatériel.
1er) L’aspect gamification (erk ! je hais ce mot) étant plus attrayant que d’aller télécharger sur n’importe quel service de vente en ligne.

2ème) le bénéfice par produit sera facilement supérieur à ce que vous toucherez sur la vente d’un album iTunes. À la condition de ne pas tomber dans la tarification de type Appstore, et en partant de jeux déjà prédéveloppés.

Si dans cet exemple il n’y a pas de stock à gérer, il y a un investissement initial qui peut-être conséquent et qui vous obligera à vendre un minimum d’unités pour être rentable.

“Illustration photo: We want more”

Inscrivez-vous à notre newsletter

et recevez les derniers articles du blog tous les lundis!

I agree to have my personal information transfered to MailChimp ( more information )

Nous respectons votre vie privée. Vous pouvez vous désabonner à tout moment.

About Lucien de Baixo

Lucien de Baixo est compositeur et redacteur chef de son blog 100 % musical "The Musical Dairy" (luciendebaixo.com), un espace de liberté qui lui permet de s'exprimer sur le vif en composant des morceaux en quelques heures, au gré de ses humeurs, sans s'enfermer dans un seul et unique style.

1 comments

Lecteur régulier de ton (excellent !) blog depuis quelques mois, je me décide enfin à te laisser un commentaire !
C’est toujours plus facile de lire les articles de façon passive et de se dire : “Ah ouais ça c’est génial !” et de passer à autre chose.
Je trouve cet article particulièrement intéressant car je réfléchis depuis quelques temps à la façon de (ne pas) vendre sa musique, de la partager gratuitement mais de monétiser son audience et des produits dérivés.
Je m’explique, avoir un blog ou site ou l’on diffuse et partage sa musique gratuitement mais monétiser le blog ou site en vendant les produits d’autres artistes (musique, ou autres …) qu’on apprécie en affiliation, par de la pub (même si je sais que gagner de l’argent avec adsense est illusoire à moins d’avoir un énorme trafic), ajouter son album gratuitement à la vente d’une place de concert ou un t-shirt (comme l’exemple de l’article) …
Et j’avais une question par rapport à ça, en allant plus loin dans la démarche, penses-tu qu’il est difficile (en tant qu’indépendant créant sa propre structure) de monétiser la diffusion de sa musique auprès des professionnels (radios, clubs, sites web, professionnels de l’image etc … ) en créant ses propres contrats de licences (sans creative commons et sans sacem) ou est-ce que les portes se fermeront dès l’évocation de la structure indé ?

Merci d’avance pour ta réponse et continue à nous écrire ou à diffuser tous ces articles qui éduquent les artistes et leur permettent de comprendre que le marketing :
“ce n’est pas sale” !

Marc

Leave a Reply

*