Entretien avec James Murphy de LCD Soundsystem

Photo: James Murphy (c) Timothy Saccenti / Stem Agency

Quelquefois, je deteste Agnes Bayou, la rédactrice en chef du Transistor. D’abord car elle avait passé 45 minutes seule avec Damian Kulash, le leader d’OK GO. Depuis je me suis rattrapée, j’ai dîné avec lui. Trois heures! Mais surtout car elle a interviewé James Murphy, Monsieur LCD Soundsystem, mais également le fondateur de DFA Records.

Et ça, c’est difficile à avaler. James me suit depuis des années. Quand je le vois sur scène, avec son petit tshirt blanc tout moche, la bouche collée à son micro, je ne peux pas dire que ça ne me fait pas des choses. J’écoute quasi systématiquement tout le temps LCD quand je travaille. Pas toujours facile de se concentrer en remuant du popotin. Car oui, LCD Soundsystem me fait danser, remuer des fesses, onduler des hanches.  Et puis James, c’est quand même l’homme de “Tribulation”, la chanson la plus sex du monde.  Tout en restant d’une classe absolue.
Donc voilà, je suis une fan de LCD Soundsystem. Quant à James, Agnes, t’approche pas trop…


Le troisième album studio de LCD Soundsystem, This Is Happening, a fuité et s’est rapidement retrouvé disponible sur le net.

En quelques instants, le single Drunk Girls a été balancé sur YouTube, et même si EMI l’a fait retirer dans la journée, le buzz était créé !

James Murphy, se retrouve en plein road trip Espagne-Angleterre forcé et en profite pour caler des interviews par téléphone. La ligne était mauvaise, mais il est resté très patient et sympathique, même si on sent que les heures de bus l’ont fatigué. Confidence attrapée au vol : il lui arrive souvent de danser seul devant son ordi.

La rumeur court que This Is Happening serait le dernier album de LCD Soundsystem, mais c’était aussi ce qui s’était dit à propos de Sound of Silver, qu’en est-il cette fois-ci ?

« Ce groupe me prend tout mon temps, je peux plus m’occuper du label (DFA) et je délaisse la production. Les tournées durent au moins un an et quand on a fini, on retourne direct en studio. Il y aura des ‘LCD happening’, mais je ne veux pas faire d’autre albums avec LCD Soundsystem. Je veux revenir aux débuts : que des singles, des choses simples. »

L’album a fuité fin mars, donc presque deux mois avant la sortie prévue de l’album. Quel est son ressenti en tant que producteur et en tant qu’artiste ?

“En tant que co-fondateur du label DFA, je m’en fous, mais je voulais pas le sortir aussi tôt. C’est pas pour le business mais c’est pas aux autres de décider de la sortie.”

Ce leaking avait pourtant des airs de buzz prémédité…

« C’est pas du tout ce que je cherchais à faire. Franchement je m’en fous de ces histoires de buzz. L’album est à moi, j’ai le droit de le mettre à disposition quand je le désire, et c’est frustrant que quelqu’un d’autre le fasse à ma place. »

Et que pense-t-il du téléchargement en général alors ?

« C’est pas que j’en ai rien à faire, c’est que je ne m’en préoccupe pas trop. Je dis pas que ça me dérange pas, c’est plutôt que je ne vais pas m’en plaindre, c’est tout. Si ce n’est pas disponible et que c’est la seule manière pour un gamin de l’avoir, je comprends qu’il brûle d’envie de l’écouter. Je ne le fais pas, je n’aime pas vraiment ça, mais je pense pas que ce soit ma place de juger qui que ce soit.
Ce qui est inquiétant c’est que les gens ne comprennent pas le soucis dans le fait de prendre l’album. Le pire c’est ceux qui le mettent à disposition, je trouve ça insultant. En fait, c’est comme s’énerver contre la pluie parce qu’on est trempé ; on peut rien faire contre. Les gens sont impolis, je ne vais pas en perdre le sommeil, même si je n’aime pas cette attitude. »

Par la suite, This Is Happening a été mis en streaming sur le site, c’était pour pallier aux fuites ?

« J’ai reçu beaucoup de messages suite au leaking de l’album, alors j’ai voulu rapidement le mettre à disposition en streaming pour qu’on puisse l’écouter sans avoir à le télécharger, sans avoir à se sentir coupable. Je veux pas que certains soient frustrés ou pénalisés sous prétexte qu’ils adoptent la bonne conduite. »

Le clip de Drunk Girl a aussi l’air d’avoir été préparé dans la précipitation.

« Quelqu’un a posté une vieille vidéo que je pouvais pas supporter : juste des nanas bourrés. C’était vraiment de la merde donc j’ai voulu faire un truc rapidement pour remplacer cette vidéo. On avait déjà planifié de faire un clip, mais pas aussi tôt. On a eu trois jours à peine pour trouver l’idée, et tout a été fait en seule prise. »


Cette vidéo est complètement loufoque: flippante et drôle à la fois.



« On avait aucune idée, et on voulait vraiment virer cette vidéo de merde… J’ai croisé Spike Jonze, je lui ai raconté que j’avais calé un weekend pour faire cette video mais qu’on cherchait encore un concept. Sur le moment, je lui ai demandé s’il était libre et très gentiment, il a accepté. Ca s’est fait un peu à l’arrache. »

Certains disent que cette conspiration de chiens-pandas est en fait un symbole d’activistes pour les droits des animaux.

« Vraiment ? Non, rien à voir! C’est juste pour se marrer, rien de sérieux. Le côté gens masqués donne un côté flippant, mais c’est pour délirer. On a absolument aucun message à faire passer. »


James Murphy a contribué à la bande son du film Greenberg de Noah Baumbach (sorti le 28 avril).

« J’aimais bien les films de Noah. On s’est rencontrés, on s’est bien entendus et je me suis dit que ce serait sympa de l’aider à faire ce film. Ca m’a paru être l’opportunité d’aider quelqu’un à faire quelque chose en laquelle il croit. En temps normal, je suis pas très soundtrack, mais j’ai aimé réaliser cette bande son avec lui. »

Le titre ‘Oh You !’ sonne comme une cicatrice qui se réouvre.

« Toute cette bande son essaie de coller à l’esprit du film – une comédie qui traite d’un sujet sérieux. C’est complètement différent de ce que je fais d’habitude; j’étais content d’y participer, cicatrice ou pas. Si j’ai fait ça, c’est plus pour rendre service à un ami, mais je veux retourner à la production, me consacrer au label et m’essayer à plein d’autres choses. »

James Murphy est passé à Paris pour la Fashion Week, pour le show d’Yves St Laurent, il a contribué à la bande-son du film Greenberg, d’autres projets sur le grill ?

« Non je peux pas, parce que j’ai cette tournée. »

Donc ça voudrait dire qu’il a hâte que cette tournée se termine ?

« Quand j’étais en enregistrement, j’avais hâte d’en avoir fini. J’avais pris du retard parce que j’avais perdu ma voix. Mais là, j’ai jamais été aussi excité à l’idée de partir en tournée. » Pourtant, il a déjà comparé une tournée à l’armée. « Tu suis un programme toute la journée, t’es loin de chez toi, tu campes sans arrêt… y’a pas de vie dans une tournée. »


Un an et demi à ce train-là, les fans vont-ils être déçus sur la fin de cette tournée ?

« Je veux faire cette tournée du mieux que je pourrais, pour pouvoir ensuite retourner à d’autres projets. J’espère que je vais tenir. »

Inscrivez-vous à notre newsletter

et recevez les derniers articles du blog tous les lundis!

I agree to have my personal information transfered to MailChimp ( more information )

Nous respectons votre vie privée. Vous pouvez vous désabonner à tout moment.

About Agnes Bayou

Agnes Bayou n'est ni plus ni moins que la redactrice en chef du Transistor (www.leTransistor.com), magazine musical en ligne. Au travers de sessions musicales, d’entretiens et de portraits d’artistes, de comptes-rendus de concerts appuyés de photos live, de chroniques d’album et de dossiers sur l’industrie musicale et ses diverses facettes, Le Transistor souhaite replacer la musique dans son contexte social et plus général.

4 comments

Interview très sympa.
Et ce que je retiens surtout c’est ca:

“Il y aura des ‘LCD happening’, mais je ne veux pas faire d’autre albums avec LCD Soundsystem. Je veux revenir aux débuts : que des singles, des choses simples. »”

Rah lovely. Perso, ca m’ira très bien!

Leave a Reply

*