CD1D, espace de liberté pour les labels indépendants

J’ai rencontré Eric Petrotto, le Président de CD1D en novembre, lors des conférences de la FEPPRA à Lyon. Nous étions sur la même table ronde, que nous avons pas mal animé d’ailleurs….C’est également à cette occasion que j’ai fait connaissance avec Monsieur Mo, le patron de Jarring Effects, membre fondateur de CD1D.

CD1D, c’est d’abord une superbe idée, que l’on pourrait qualifier d’utopique, mais qui s’est concrétisée. Et qui se développe de jours en jours. Nous sommes en fait “cousins” avec CD1D: même volonté de nous adresser et de soutenir tous les acteurs, et pas que certains, connaissance réelle du marché et de comment ça se passe, pour de vrai, en dehors de la sphère parisienne branchouille persuadée que la musique, c’est 4 majors à Paris, persuadée que tout le monde sait se servir d’internet. On a donc décidé de développer des projets ensemble dans cette vision commune….


Qu’est ce que c’est que cd1d ?



CD1D, c’est une fédération professionnelle de labels indépendants qui tente de fonctionner sur les principes de l’économie sociale et solidaire et sur la mutualisation d’outils, d’expériences et de compétences. La plateforme www.cd1d.com est un de ces outils. Elle permet aux artistes et labels indépendants de proposer leurs productions (physiques et numériques) directement du producteur à l’auditeur. Un circuit court qui rend possible une redistribution équitable des gains :  85% du prix des ventes générées sur www.cd1d.com sont reversés aux artistes et aux labels membres de CD1D.


Pourquoi as tu eu l’idée de ce projet?



CD1D n’est pas le projet d’une personne seule. CD1D est née  d’une réflexion collective où les mots « Musique », « Espace de liberté », « Artisans », « Envie », « Respect », « Imagination » et « Alternative équitable » se sont entrechoqués. CD1D a été créée à l’initiative de 7 labels fondateurs pour travailler autrement au maintien d’une véritable diversité musicale, en France dans un premier temps.


Combien de labels fédérez-vous?



Aujourd’hui, nous comptons près de 250 labels membres au sein de CD1D. Dans un pays où le secteur des musiques enregistrées s’opère autour de 4 Majors, une petite dizaine de « très gros » indépendants et environ un millier de petites et très petites structures indépendantes – dont moins de 600 réellement actives – notre voix commence donc à porter.


Que proposes-tu concrètement aux labels ?



Au regard des pratiques en vogue, CD1D propose avant tout un espace de liberté pour les labels indépendants. Sur www.cd1d.com, ils peuvent vendre – en physique et en numérique – leurs productions, décider de les mettre en écoute, utiliser des bonus numériques, offrir du contenu, le lier à des sources extérieures (blogs, presse…), disposer de fiches artistes et labels fournies, générer des  coupons de réductions et bénéficier du dispositif gouvernemental « Carte Musique ».

Il faut pourtant toujours garder à l’esprit que CD1D n’est ni un projet industriel, ni un projet porté par un mastodonte des nouvelles technologies.

Nous avançons donc avec nos moyens, sur des logiques Open Source. Il nous reste des tonnes de choses à mettre en place. D’ici peu de temps, nous proposerons donc des webservices, de nouveaux widgets et des applications portables.

Mais, comme je te le disais, CD1D n’est pas qu’une plateforme de vente de musique en ligne. CD1D permet aussi le partage de compétences, de réseaux et de « manière de faire », l’émulation donc et nous relayons et portons la voix des petits labels indépendants. Et encore une fois, nos efforts et notre travail commencent tout doucement à payer. Mais il reste encore énormément à faire.




Qu’est ce que sont les plate-formes régionales ?



Ces plateformes régionales sont avant tout la volonté des pouvoirs publics qui ont pris conscience de l’importance de leur patrimoine musicale local et ont su identifier de nouveaux modes d’accompagnement et de soutien à l’émergence artistique. Ils ont été soutenus en cela par l’initiative de labels indépendants qui ont su et pu, au niveau local, se structurer.

À force de pédagogie et grâce à la mise en perspective des efforts et du travail des artisans de la musique en région, les fédérations régionales de labels indépendants comme la Feppia, la Feppra ou Phonopaca sont devenues des interlocuteurs crédibles et écoutés.

Dans cette optique, CD1D a été sollicité à 3 reprises (Paca, Aquitaine et Rhône-Alpes). En s’appuyant sur l’expérience et la technologie de www.cd1d.com, nous avons ainsi pu mutualiser dans une logique inter-régionale, les coûts de stockage, la logistique, les serveurs et le développement informatiques et ainsi mettre en place ces plateformes régionales de vente de musique en ligne. Pour faire un parallèle explicite, on peut considérer le travail initié en région à cette occasion, comme le découpage de France 3 Régions.

Il y a une dimension fondamentale à défendre, à cette échelle : les micro-structures, les auto-productions, les médias locaux…etc. Et le lien privilégié entre la plateforme nationale et les plateformes régionales permet l’émulation nécessaire à la résonance et à la mise en relief d’initiatives et de projets artistiques locaux. Par exemple, les moteurs de recherche des plateformes régionales et celui de CD1D sont liés.
Pour finir, ces plateformes régionales appartiennent et sont gérées par les fédérations régionales.


Allez-vous vous ouvrir aux artistes auto-produits ?



Sur CD1D, non. En revanche, certaines des plateformes régionales se sont ouvertes aux auto-productions par choix, et pour être toujours plus proche du terrain et des projets artistiques locaux, qui méritent d’avoir aussi droit de cité.

Nous concernant, nous voulons rester un filtre. Nous ne portons bien évidemment aucun jugement esthétique.

Faute de définition claire de ce qu’est un label professionnel, nous avons décidé que seules les structures travaillant au minimum avec 2 artistes et ayant produit 3 disques pouvaient nous rejoindre.

Encore une fois, ça n’est pas lié à un jugement de valeur.

Nous avons simplement défini nos missions.


Tu m’as dit qu’un artiste ne pouvait pas se développer réellement sans être accompagné par une véritable structure. Comment vois-tu l’avenir des labels ?



Avant toute chose, nous restons persuadés qu’un label, un producteur nécessite des profils et des compétences particulières, qui définissent elles-même des métiers spécifiques fondamentaux dans l’accompagnement d’un artiste.
Il faut pourtant en finir aussi avec certains clichés qui voudraient qu’un label manager, un manager ou un producteur fume de gros cigares, s’habille en croco et se gave sur le dos des artistes. Ces exceptions – nous ne sommes pas dupes, elles existent – ne doivent pas être érigées en généralité.

Les artisans que nous fédérons, producteurs, labels sont avant tout des passionnés de musique. Et trouver les financements pour produire, investir, promouvoir, payer les droits d’artistes, solliciter les sociétés civiles, distribuer ou faire distribuer (faire tourner des artistes émergents quand ceux dont c’est le métier ne prennent plus de risque), c’est aussi le travail de passionnés. Souvent des structures qui cumulent les rôles, les compétences, les risques et les coûts aussi.




Quelles sont les évolutions à venir pour CD1D ?



Concernant www.cd1d.com, la plateforme, nous allons bientôt pouvoir gérer le merchandising, en plus des améliorations dont j’ai déjà parlé plus haut.

Concernant CD1D, plus globalement, nous allons bientôt expérimenter une borne interactive et tactile (Borne CD1D-IA) en médiathèques et salles de musiques actuelles, en Rhône-Alpes dans un premier temps.

CD1D doit continuer à réfléchir et à impulser d’autres systèmes de monétisations de la musique indépendante et lutter ainsi contre sa dévalorisation constante.

Nous ne partageons pas la vision de nombreux industriels qui trouvent dans la musique, une façon nouvelle de susciter l’intérêt pour des « Pack + » sans plus se soucier de la valeur artistique fondamentale d’une oeuvre.

Ces sociétés sont à des années lumière de notre travail et de nos missions. La seule recherche de parts de marché et de profits à courts termes ne nous paraissent pas faire bon ménage avec la diversité musicale et culturelle que nous défendons.
CD1D doit donc accentuer le développement d’outils collaboratifs, les améliorer et en créer de nouveaux. Nous devons pousser la réflexion de la mutualisation et des modèles collaboratifs beaucoup plus loin et être ainsi force de proposition dans de nombreux débats concernant notre secteur. Nous continuerons à faire entendre les différences, les caractéristiques et les difficultés des artisans de la musique.
D’ici peu de temps, CD1D va abandonner son statut associatif pour un statut de SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) pour intégrer notamment différents collèges et s’ouvrir ainsi à d’autres acteurs du secteur. Nous engageons également dès à présent des discussions avec des partenaires européens.

Illustration photo: “We want more”

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

7 comments

Euuuuh je crois que l’article est un brouillon…parsemé de phrase du genre “faudrait pas plutôt mettre deux points là plutôt qu’une virgule, sinon ça fait bizarre” 🙂

Bon c’est marrant à lire, mais ça perturbe un peu quand même!

Bonjour,

J’ai dû mal à voir le “parsemer” car il n’y a qu’une seule phrase comme ça, écrite par Eric Petrotto pour appuyer son propos. Ce n’est donc absolument pas un brouillon. Je vais retirer l’unique phrase pour le moment, mais celle ci, est parfaitement compréhensible.

Pardon.
Aucune méchanceté derrière mon commentaire.

Je voulais juste faire la remarque qu’il restait dans l’article quelques réflexions de l’auteur qui parlaient de mise en forme et autres finitions. Je vois que vous les avez bien toutes enlevées…il n’y en avait pas qu’une.

Excusez-moi si j’ai mal tourné mon premier commentaire (brouillon était peut être un peu fort j’en conviens).

Merci pour vos articles et bonne continuation!
Raph

T’inquiète, vraiment aucun souci. J’ai effectivement retiré le reste. Il s’agissait de phrases à prendre au 2e degré mais qui effectivement pouvaient surprendre si l’on n’était pas dans le fil de la discussion.
Comme ça, c’est plus simple 🙂

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