“Ecrivez d’abord de bonnes chansons avant de faire des pages myspace”

Aujourd’hui, j’écoute Sid, manager d’Uncommon men from mars, et accessoirement bras en plus pour Kicking Records, label de punk rock indépendant (et on vient nous expliquer que le punk est mort, c’est bien ça?).

Ce mini label toulousain mais qui a tout d’un grand (voire plus) soutient maintenant le groupe. Je dis soutien car le groupe se produit aussi tout seul.

Uncommon men from mars existe depuis plus de 12 ans. Quatuor américain, signé chez Wagram, ils bossent même avec Steve Albini.  Et puis…plein de choses. Dont la crise. L’indépendance.

Sid a vu plein de choses avec Uncommon. Du très haut au beaucoup moins haut….Il nous racontera d’ailleurs dans un autre article l’organisation d’une tournée au Japon, avec..rien.

– En 6 ans, comme manager de Uncommon men from mars, sur le terrain, c’est quoi la “crise”?

En résumé la crise, c’est beaucoup moins de disques vendus en magasin, beaucoup plus de disques vendus sur les concerts ou par les distributions online, et une affluence aux concerts en progression.

Dans notre cas de groupe indépendant et autoproduit, la « crise » n’affecte pas le fonctionnement du groupe, nous continuons à sortir des albums et à faire des tournées

Cette crise c’est celle de l’industrie du disque. Un artiste c’est pas un revendeur. En tout cas il n’y a pas de crise de la production artistique ce qui serait un peu plus gênant.

Ce que je veux dire par là c’est que ce combat, pour protéger les intérêts de la distribution du support CD n’est pas vraiment le nôtre

– Quelle est votre relation aux artistes? business ou direction artistique poussée?

La relation aux artistes est, je pense, pour un manager, dépendante de l’artiste, en fonction de ses choix, de ses envies ou de ses besoins.

Il n’y a pas de règle du genre « un groupe ça se manage comme ça »

Dans mon cas avec Uncommonmenfrommars, je m’occupe de la vie interne du groupe, organisation des repets, enregistrements, tournée, relations avec les partenaires (labels, editeurs, attachés de presse) etc …. Les décisions se prennent de manière collégiale, avec tout ce que ça implique de débats parfois passionnés.

Je ne prends absolument pas part à la direction artistique du groupe, je ne pense pas que ce soit la place d’un manager. Mon rôle est plutôt de placer l’artiste dans la position la plus confortable possible pour qu’il puisse écrire de bonnes chansons, ensuite à moi de les diffuser.

– Quelle place donnes-tu au digital dans la communication des artistes?

Avec la disparition progressive de la presse papier spécialisée notamment, la place du digital dans la communication a pris de plus en plus d’importance. C’est un outil qui peut s’avérer très efficace, quand par exemple tu mets en écoute libre un album 15 jours avant sa sortie, tu t’assures un très bon buzz et tu permets à beaucoup de gens de découvrir la musique de ton groupe.

La communication via les réseaux sociaux sur internet permet aussi aux artistes de rester en contact avec tous leurs fans quasiment en temps réel.

– Quelle est pour toi la plus grosse source de revenus? vente de disques, merch, tournées, vente directe sur le site?

Sans hésiter les tournées, nous faisons énormément de concerts, principalement à l’étranger mais aussi en France bien sur. Nous avons toujours privilégié les concerts car ils donnent l’occasion d’un contact direct et authentique avec le public.

– Comment envisages-tu l’avenir des labels? Les labels ont ils encore toute leur place?

Plus que jamais ils ont leur place, mais maintenant ils vont devoir se mettre au boulot sérieusement pour gagner beaucoup moins d’argent.

Après ils doivent se poser la question de savoir pourquoi ils font cette activité. Si c’est pour découvrir des artistes, les promotionner et leur permettre d’exister ou si c’est pour mettre une marge de 3 euros sur chaque disque et chercher à multiplier ça par des centaines de milliers d’exemplaires.

Ce qu’il y a de nouveau depuis quelques années c’est que pour se procurer de la musique on n’est plus obligé d’acheter un disque, et d’alimenter ainsi ce formidable racket qui a été mis en place par les majors compagnies pendant 40 ans.

Quand il n’y aura plus un disque dans les bacs, il y aura encore autant de groupe qui feront de la musique, et des gens qui passeront de bonnes soirées aux concerts.

– Quel conseil donnerais-tu à un jeune artiste?

Oui. Ecrivez d’abord de bonnes chansons avant de faire des pages MySpace .

Illustration photo: “We want more”

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

12 comments

Commentaire du matin, chagrin, mais avant que ce soit un hargneux qui l’écrive : le nom du groupe c’est Uncommon MEN from mars 😉

Et au passage, rappeler à Uncommon from mars que les sites tout en flash, bof, bof

Quand tu vois le prix d’un skeud et d’un site de qualité avec clip et mp3 à l’ecoute free, tu te demandes ce que les autres avec leurs skeud à 20€!

Excellente interview !
Petite remarque simplement : le groupe est français 🙂

Et bonne continuation, car ce site est vraiment passionnant !

Merci beaucoup!
En fait les membres du groupe sont américains, nés aux Etats-Unis. Ils sont arrivés en France au milieu des années 80.

Merci encore pour le site,

Virginie

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