Tu le voulais, le voilà mon site !

Bon, par où démarrer. Comment présenter ce nouveau site, dire adieu à mon blog, sans tomber dans la caricature ?

Il y a quelques jours, une responsable de label m’a dit:

« On a vraiment atteint le point Godwin de la musique (appelé plus communément le point « René la Taupe ») avec l’article du MTT sur les types de fans. Non mais là, on a atteint le fond. Mais comment penser qu’on peut segmenter ces fans comme ça. Et comment d’abord on l’a crée comment sa fanbase ? »

Pour être très franche, j’ai posé la question à Bruce Hougton, le patron du Music Think Tank qui me fait la grande joie de me suivre et de regarder ce que je fais. Donc, je l’aime bien Bruce. Je lui ai gentiment demandé de m’envoyer l’auteur pour qu’il me montre comment faire, là, au quotidien, face à un artiste, quand tu es train de la créer ta fan base. Ce à quoi il m’a répondu qu’effectivement, ce n’était pas très concret. Sans compter que bon, je ne veux pas dénoncer, mais la conclusion de cet article ramène à dire qu’il faut définir ses vrais fans et ses fans engagés (les committed et les superfans), théorie que défend Kelly depuis 2008. Donc si c’était pour finir là-dessus…..

Un autre exemple avec l’article sur les « 4 raisons pour lesquelles on télécharge la musique ». Ce à quoi un blogueur américain influent a répondu « pas besoin de 2500 mots pour l’expliquer, en 140 caractères je te le dis, parce qu’on peut ».

Tombe t’on dans une sorte d’intelligentsia de la musique (copyright @Frederic Neff) qui intellectualise la musique ?

La montée en puissance d’Internet n’a pas eu comme seule conséquence le téléchargement à outrance, on assiste à la multiplication des sites consacrés à l’analyse de l’industrie musicale, de conseils aux artistes, de comment « vous pouvez tout faire tout seul, si si vous pouvez »…

La majorité se contente de relayer l’info et de diffuser une opinion prémâchée, sans analyse ou expérience, mais seulement un avis.

Mais quelques uns ont une vraie ligne éditoriale, issue de l’expérience, et de la culture. De la quantité émerge la qualité!  Diffuser l’info, c’est une partie du truc. Mais pour parler de musique, il faut sortir de son bureau, être dans l’œil du cyclone, se cogner des maisons de disques, des labels, des producteurs, des managers, organiser des concerts, avoir des artistes face à soi, et leur expliquer concrètement ce qu’on dit, savoir ce qu’est une promo ou comment on fait un P&L. Savoir comment on fait un disque et combien il coûte. Et mettre en place ce qu’on dit. Et se planter. Et recommencer. Prendre des claques, penser autrement. Agir autrement. Bref, vivre le bordel.

Alors de la quantité naît aussi la qualité. On connait mon admiration pour Valery Bonneau de B comme BoxSons ou Philippe Astor, et mon amitié pour Mr Bidibule, Frederic Neff de Viva Musica et We are Musik, Gabriel Hallé de Teams, ou Marc André Laporte de Donne ta Musique. Ah ben tiens, ce sont mes partenaires !  Et quel est le point commun entre ces gens ? L’expérience. La musique, ils n’en parlent pas, ils sont dedans. Ce qu’ils disent, ils le font. Au quotidien. Ils montrent ce qu’ils ont dans le bide. Ce dont un artiste parle, un label parle, un média parle, ils le comprennent. Ils sont passés par là et ils continuent à passer par là.

En fait, les principales menaces de la musique sont ces nouvelles morales dogmatiques. Celles qui s’offusquent pour un rien et la tue par pratique….On a la morale anti piratage qui refuse de réfléchir à une évolution, pourtant nécessaire. Cette autre morale venant des logiciels libres, et qui confond technologie et création. La musique n’est pas de la technologie, les artistes ne sont pas des fusibles, on ne peut pas faire évoluer l’industrie de la musique sans prendre en compte qu’à la base, la création est humaine. Et que des gens ont le droit inaliénable d’être rémunéré et protégé pour ce qu’ils font.  Et celle aussi qui dit que quand tu parles business, tu n’aimes pas la musique. Ah oui, et donc vous travaillez par passion hein, uniquement bien sur. Rappelez-moi, qui vous paye ?

Et ces morales sont aussi sûres de leurs faits et aussi intransigeante dans leurs discours que ceux qu’ils disent combattre. Et le meilleur dans tout ça : ils ne sont même pas les créateurs.

Au tout début, quand j’ai pensé à créer mon site, je pensais simplement à un site très simple pour permettre une meilleure navigation et lisibilité de mes articles existants. Et puis j’ai évolué. J’ai fini mon livre, je tourne beaucoup en conférences, ateliers, je donne des cours, je travaille avec des artistes, des labels, des producteurs un peu partout dans le monde et je ne trouvais nulle part des réponses aux questions que je me posais.   J’ai commencé à travailler dessus. Et de réflexion en réflexion, j’en suis arrivée à ça….un site opérationnel, une maison dans laquelle plein de gens viendront parler de leur métier. Parce que c’est quand même ceux qui font ce métier qui en parlent le mieux.

Et puis la musique, ce n’est pas Paris, ce n’est pas le digital, ce n’est pas l’industrie, ce n’est pas Twitter. La musique ne se cantonne pas à ça. C’est plus de 600 labels en France, qui tentent tant que bien que mal de survivre et qui pondent des idées souvent excellentes, ce sont des milliers d’artistes. Et c’est de ça aussi dont je veux parler.

Alors c’est vraiment du do it yourself de moi toute seule avec moi-même mais quand même accompagné. Sylvain Gautier, co-fondateur d’Allo Studio m’a fait le site, et Grégoire, le leader de Thot le logo. Le soir. En plus de nos activités respectives. Ça reste à la maison. Et c’est ce que je voulais. Comment donner des conseils aux gens, comment leur dire qu’il faut qu’ils se débrouillent, qu’ils y passent du temps en plus de tout ce qu’ils font, comment comprendre l’angoisse face à la masse de choses à comprendre et à abattre quand on ne l’a pas vécu, quand on ne se l’applique pas à soi même, si on a juste à tendre la main pour le faire. Ce site, il est en plus de tout ce que je fais, et je peux vous dire que je l’ai senti passé. Oh oui.

Je me découvre donc une passion pour wordpress, je plonge dans le code, je farfouille partout (enfin pas trop quand même, sinon, Sylvain ne sera pas bien content). Et j’ai monté exactement les contenus que je voulais comme je voulais.

Alors il ne vous plaira peut-être pas, mais il est home made. Par des gens dont ce n’est pas le métier. Et je vais le gérer toute seule. Bénévole de moi-même. Mais soyons clair,  je ne suis pas un média et je ne fais pas de promo.

De nombreuses personnes m’ont fait l’amitié de se jeter dans le bain avec moi, de répondre à mes questions, sans avoir aucune idée d’où ils allaient atterrir. Et d’autre m’ont fait l’immense amitié de partenarier, sans savoir bien avec quoi ils partenariaient. Ce site sera donc placé sous le très haut parrainage de Gildas Lefeuvre, sous le regard très bienveillant mais néanmoins critique de Philippe Astor, avec des partenaires très privilégiés comme  B comme BoxSonsDonne ta MusiqueGirlzinwebLe TransistorMonsieur BidibuleNoomizTeamsZiknation.

A ceux qui se demandent où est Wearemusik, ils ne sont pas loin. On pense même lancer un « Hype we are »..ou un « don’t believe in musik ».

Quant à Net Emergence, il n’est pas loin non plus, je soutiendrai chaque mois sur le site le vainqueur du mois.

Petite précision, ce site n’est PAS en créative commons. Choix réfléchi. Non, parce que bon, comme dit Benjamin Lemaire, les creatives commons, c’était bien avant. Quand il n’y avait personne sur Internet. Maintenant, il faut arrêter de jouer. Je retrouve mon contenu sur plus d’une centaine de blogs alors que mon blog n’est même pas en créative commons. Je l’ai même retrouvé dans des offres de formations payantes ! Et puis les creative commons, c’est beau de se cacher derrière, mais quand on sait que plein de gens associent creative commons à « gratuit je fais ce que je veux avec » faut pas pousser. Mais le coup de grâce m’a été donnée quand j’ai demandé la suppression de 2 articles à un site, articles qui n’étaient plus d’actualité et que l’on m’a envoyé un avocat pour me dire, en résumé, « va te faire foutre, le site est en CC, on fait ce qu’on veut ».

Donc non seulement, on piétine allégrement l’aspect relations humaines ainsi que la philosophie des CC mais on explose surtout super allégrement le droit de la propriété intellectuelle, le droit moral, le droit d’auteur et le droit de retrait. Faites ce que je dis mais pas ce que je fais….

Et qu’on ne me dise pas que je demande aux artistes de donner mais que je ne me l’applique pas. Je dis aux artistes de donner de la musique pour se faire connaitre, en streaming comme en téléchargement. Tout mon site est gratuit. C’est du streaming. Je donne mon livre blanc, et là, j’ai choisi, en CC. C’est du téléchargement. Et je l’ai choisi. Je milite pour le choix. Par pour l’obligation.

Et donc, qu’est ce que j’attends de mon site ?….Je n’analyse pas, sinon je stoppe l’activité. Je me brûle les poils, les ailes, mais je continue. C’est ce qui me plait. La meilleure analyse, c’est de regarder ce site fait à la maison, et je suis heureuse. Il existe. Pour l’instant, je fais de la boite à outils, mais j’adore me fixer des règles, pour mieux les transgresser. Je n’ai pas de pression, aucune obligation de résultats, de mises à jour. Je fais ce que je veux, comme ça me plait.

Dans le dernier chapitre des Aventures d’Hucklberry Finn de Mark Twain, Hucklberry fait une déclaration solennelle à son pote Tom Sawyer « We done it. And we done it elegant. Too » (Nous l’avons fait. Et nous l’avons aussi fait avec élégance). Voilà.

Maintenant, ça se passera ici et vous serez tous les bienvenus  http://virginieberger.com

Illustration photo “We want more”

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

3 comments

Tres joli boulot ! felicitation !!

Et deja plein de contenu a lire ! va falloir du temps pour tout explorer…

et oui wordpress est un outil de publication genial, hyper bien concu.

Joli choix de theme d’ailleurs je cherche aussi un theme magazine depuis longtemps celui ci est tres sympa, leger et agréable a lire.

au plaisir de voir la suite, et le livre

bonne continuation 🙂

Merci pour cet article. Il est bon de lire quelque chose de personnel, qui irait presque jusqu’au coup de gueule, dans un monde ou le bon parler et le bon penser est de rigueur…
J’ai lu énormément d’articles ces derniers temps sur le “music marketing” pour aller vite, et je suis abasourdi par certaines infos qui sont donné comme recette miracle dans la musique, alors que l’on est encore à digérer tout ce qui se passe et tout ce qui s’est passé ces dernières années. Prenons un peu de hauteur. Proposons des idées. Mais de solutions valables à tout le monde il n’y en a aucune.

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