Les “free riders” du streaming collectionnent les vinyles

Les amateurs de streaming musical, a fortiori ceux qui utilisent les plateformes financées par la publicité, ont à cœur de soutenir financièrement les artistes qu’ils aiment en achetant leurs vinyles, constate un sondage réalisé au Royaume Uni pour le compte de la BBC.

Au Royaume Uni, la moitié des acheteurs de vinyles déclare les avoir préalablement écoutés sur Internet, selon une étude réalisée pour la BBC par ICM Unlimited. Ce réflexe est encore plus répandu chez les utilisateurs de plateformes de streaming musical gratuites et financées par la publicité, comme Soundcloud ou Youtube. Le streaming gratuit fait vendre. Paradoxalement, 48 % des personnes qui ont acheté un vinyle le mois précédent ne l’ont pas encore écouté. Et 7 % n’ont même pas de platine. Ecouter un artiste en streaming est une chose, avoir ses albums en vinyle en est une autre.

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“J’ai des vinyles dans ma chambre, mais c’est juste pour le décor. Je ne les écoute pas”, confie un étudiant à BBC News. “Ça donne une ambiance vintage. C’est là que réside tout l’intérêt du vinyle.” D’autres achètent des vinyles pour supporter leurs artistes préférés. Ils sont 50 % à se considérer comme des collectionneurs. “C’est si facile d’écouter de la musique sur Youtube ou Spotify aujourd’hui. Je pense que nous avons la nostalgie de l’époque de nos parents, quand il fallait se bouger pour aller acheter un disque”,  déclare un autre étudiant.

Pour Helena, 18 ans, “C’est vraiment agréable d’avoir un objet qu’on peut tenir et jouer physiquement. Je pense aussi que c’est important de soutenir financièrement les artistes si vous le pouvez”. “Vous trouverez des gens qui sont abonnés à un service de streaming payant et qui achètent aussi des vinyles, je crois que ce n’est plus très rare. Je pense que le streaming est une commodité, et que pour certains fans, le vinyle est une expérience”, observe Edgar Berger, président de Sony Music International.

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Selon les résultats du sondage de ICM Unlimited, 73 % des ventes de musique réalisées au Royaume Uni se font en ligne, et c’est Amazon qui émerge comme le leader, tous formats confondus, avec 29 % de parts de marché. iTunes se classe en deuxième position avec 18 % des ventes, suivi des supermarchés (10 %) et des disquaires indépendants (7 %). “8 % des hommes avaient acheté un vinyle au cours du mois précédent l’enquête, ce qui est à peu près constant depuis trois ou quatre ans”, explique Andrew Wiseman, patron d’ICM Unlimited. Les femmes, en revanche, en achètent plus qu’avant. Le fossé avec les hommes se comble. Elles étaient 5 % à avoir acheté un vinyle le mois précédent cette année, contre 3 % en 2013.

vinyl-1“Les plus jeunes découvrent de plus en plus avec le numérique mais collectionnent des vinyles, commente Geoff Taylor, PDG de la British Phonographic Industry (BPI). Ils apprécient l’immédiateté et la commodité de services comme Spotify, Apple Music et Google Play pour découvrir et profiter d’un large choix de musique, mais veulent toujours posséder et collectionner les albums des artistes qu’ils aiment vraiment.” Au Royaume Uni, les ventes de vinyles ont bondi de 64 % en volume l’an dernier. Elles ont atteint 2,1 millions d’unités. Aux Etats-Unis, elles ont progressé de 30 % sur la période, pour atteindre près de 12 millions d’unités. En France, où le vinyle pèse 2.3 % du marché physique selon le SNEP, il s’en est vendu 750 000 en 2015. Tous ces chiffres n’englobent pas le marché de l’occasion, qui est certainement encore plus dynamique.

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About Philippe Astor

Journaliste, blogueur, franc tireur, libertaire, philosophe, hermétiste, guitariste, activiste, dillettante, libre penseur. @makno et http://rockthemusicbiz.blogspot.fr/

1 comments

Le vinyle n’est jamais mort contrairement à ce que l’on a toujours voulu nous faire croire et ce n’est pas une nouvelle mode. Il s’est rarifié, s’est spécialisé, s’est fait ré-édité à maintes reprises pour diverses raisons.

La seule chose positive avec ses nouvelles moeurs de jeunes qui n’ont jamais connu le vinyle, c’est qu’on les trouve maintenant partout, avec un vaste catalogue avec des prix relativement stables depuis plus de vingt ans. 15-20 euros pour un LP, 40-60 pour un double ou triple.

Le plaisir du vinyle ne tient pas dans sa qualité sonore (pour le commun des mortels, voire plus bas pourquoi) mais dans le plaisir de manipuler un objet “un bel objet”, d’avoir un rituel sortir l’objet de ses pochettes, le nettoyer, abaisser le bras de lecture, le grrrrrrr de la pointe qui se pose, etc. La petite Helena en parle dans le résumé de l’article. Pour les plus grands fans et:ou collectionneurs (car il faut faire le distingo), il y a le plaisir de dénicher qui s’ajoute au plaisir car là, on parle d’une vraie nostalgie. On ne va pas chez Leclerc et consors acheter la énième ré-édition d’un disque déjà pas terrible à sa grande époque. No comment, on a déjà connu ça à la grande époque du CD, du DVD etc

Pour la notion de son, il faut quand même être vigilant. Beaucoup pensent qu’il suffit d’acheter une platine TD. Ca n’a jamais été aussi simple et même dans les années 70-80 où le tuning musiacle et les notions de high end et d’audiophile ont vécu leurs heures de gloire. Je ne vais pas parler d’ampli, pré-amp, cellules à 500 euros, bras, etc.
Enfin bref, il faut des disques de qualité et du matériel à minimum qualitatif pour comprendre la vraie force du vinyle.

Et je plussoie pour le côté “écoute facile / découverte dématérialisée” pour acheter en vinyle. Car il y a le côté facile et immédiat du streaming et le plaisir d’acaht de l’autre côté.

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