Majors de la musique, la “crise du disque” est terminée

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L’industrie du disque est-elle sortie de la crise ? C’est ce que laissent penser les derniers résultats financiers publiés par les trois majors de la musique – Universal Music, Sony Music et Warner Music -, que DBTH a épluchés pour vous.   

Le streaming redonne des couleurs aux résultats financiers des majors de la musique. Il leur rapporte suffisamment aujourd’hui pour qu’elles recommencent à faire des bénéfices : une trentaine de millions de dollars au dernier trimestre 2015 pour Warner Music (Ed Sheeran, David Guetta, Jason Derulo), la plus petite des trois majors, sur la meilleure période de l’année. C’est peu au regard de son chiffre d’affaires (850 millions de dollars en trois mois, soit une marge nette de 3 % à peine). Mais c’est mieux que ses 40 millions de dollars de pertes du dernier trimestre 2014.

Sony Music (Adele, One Direction, Bruce Springsteen) a également bien fini l’année 2015, avec un chiffre d’affaires en progression de 8 % sur un an au dernier trimestre, et un résultat opérationnel de 228 millions de dollars (marge brute avant impôts, taxes, amortissements, etc.). Pour moitié, cette embellie est due à des effets de change (dépréciation du yen par rapport au dollar). Mais pour l’autre moitié, elle est directement liée à une hausse de ses ventes, « qui reflète la croissance des revenus du streaming », déclare Sony Corp dans son dernier rapport trimestriel.

Le constat est le même chez Warner Music, où les revenus du streaming ont nettement progressé sur les trois derniers mois de l’année 2015 (80 millions de dollars de plus qu’au dernier trimestre 2014), quand ceux du téléchargement s’inscrivaient à la baisse  (30 millions de dollars de moins qu’un an auparavant sur la même période). Comme les ventes physiques de Warner Music continuent de dévisser elles aussi (de 45 millions de dollars sur un an au dernier trimestre 2015), le streaming est devenu le principal moteur de sa croissance. Et il contribue à l’essentiel de ses bénéfices.

La martingale du streaming

Tout baigne aussi, enfin, pour Universal Music (Taylor Swift, Justin Bieber, The Beatles), filiale du groupe français Vivendi, et numéro un mondial de l’industrie du disque. Son chiffre d’affaires a nettement progressé sur l’ensemble de l’année 2015 (+ 12 %). C’est dû en grande partie, comme pour Sony Music, à des effets de change (dépréciation de l’euro par rapport au dollar). Mais les ventes de musique enregistrée d’Universal Music n’en ont pas moins augmenté, « à taux de change constant », de 2,4 % en valeur selon Vivendi. Pour dépasser les 4 milliards d’euros en 2015, dont près de 2 milliards en provenance du numérique.

Comme Warner Music et Sony, Universal Music explique cette performance par la progression du streaming et de l’abonnement (+ 43 % en valeur en 2015). Sur l’ensemble de l’année, le streaming a pesé près d’un milliard d’euros dans le chiffre d’affaires de la major, soit un quart de ce dernier ou presque. De quoi largement contribuer à son bénéfice opérationnel, qui fut de l’ordre de 630 millions d’euros en 2015.

Selon des projections du cabinet d’études Ovum, dont DBTH s’est fait l’écho, le bénéfice opérationnel des labels devrait globalement progresser de 23 % d’ici à 2020. Ovum prévoit qu’il baissera de 42 % sur les ventes physiques, et de 46 % sur le téléchargement, mais qu’il progressera de 131 % pour le streaming. Les derniers résultats financiers publiés par les trois majors de la musique abondent dans ce sens. En ce qui les concerne, la “crise du disque” est semble t-il terminée.

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About Philippe Astor

Journaliste, blogueur, franc tireur, libertaire, philosophe, hermétiste, guitariste, activiste, dillettante, libre penseur. @makno et http://rockthemusicbiz.blogspot.fr/

2 comments

Bonne question. Entre 10 % et 14 % en major dit Pascal Nègre dans un reportage d’Envoyé Spécial. L’Adami aurait des commentaires à faire sur les soustractions qui sont faites. DBTH a déjà abordé la question de la rémunération des artistes dans le streaming de manière un peu plus technique (voir également ce billet). En réalité personne ne sait vraiment quels artistes profitent du streaming, qui pèse en gros 1/4 des revenus qu’ils tirent directement de la musique enregistrée (streaming, téléchargement, CD). En moyenne seulement. Les 1 % les + écoutés captent près de 75 % des revenus du streaming. Ca peut faire peur. Mais les petits français de Lilly Wood & the Prick étaient du lot l’an dernier grâce à un remix, avec plus d’auditeurs que Daft Punk. Ca pose question. Voir le tableau dans cet article. Tout le monde n’est pas “égal” face au streaming. La chanson française, par exemple, même celle qui vend toujours des disques, sans quoi elle n’existerait plus, y fait de piètres performances. Le streaming convient mieux à certains artistes qu’à d’autres. Sinon sur Youtube, c’est 2000 € pour 10 millions de vue, dans ces eaux là.

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