Dossier: L’avenir économique du streaming musical? Les contenus exclusifs (part 3/5)

freemium et streaming musique
Au-delà des nouveaux contenus, certains se demandent si des niveaux de prix plus bas pourraient être appliqués à des catalogues plus restreints de musique, sachant que beaucoup de consommateurs du grand public, pour lesquels 10 dollars par mois font déjà beaucoup, n’ont peut-être pas besoin d’accéder à 20 million de titres, loin de là (en effet, comme mentionné plus haut, la taille d’un tel catalogue pourrait sans doute être rebutante).

Amazon s’est aventuré sur ce terrain en intégrant l’élément musical à son abonnement Prime aux USA, donnant accès à plus d’un million de titres, tandis que les services O2 Tracks et MTV Trax (fonctionnant sous MusicQubed) poussent la restriction de catalogue à l’extrême en ne proposant au maximum qu’une sélection de 100 chansons (changeant chaque semaine).

Le catalogue limité d’Amazon peut paraître énorme à première vue pourtant une option ‘payer moins pour moins de titres’ devrait sans doute pouvoir proposer un choix plus large que les offres actuelles sous MusicQubed.

Les Contenus  Exclusifs

Dans sa conclusion sur l’étude au sujet des artistes dans le monde digital menée précédemment cette année, Dan Le Sac prédisait que les contenus exclusifs seraient partie intégrante du futur marché musical, chaque service de streaming proposant des contenus exclusifs de grands noms de la musique ce qui permettrait une différentiation sur le marché à la façon de Netflix.

Cela signifie-t-il que les FSN vont devenir des labels qui pourront commander (et donc payer pour cela) un nouvel album de Coldplay, One Direction ou Adele afin de les rendre uniquement disponibles pour leurs abonnés à court ou long terme ? Ou bien les FSN vont-ils lier des partenariats avec les labels des artistes moyennant de grosses sommes pour s’assurer ces exclusivités ?

Alors qu’Apple conclut déjà de tels accords d’exclusivités sur du court terme, il est discutable de savoir si de tels accords pourraient devenir la norme dans le domaine du streaming, surtout si le contenu exclusif était limité aux utilisateurs premium des FSN qui en passeraient commande. De nombreux artistes se trouveraient très mal à l’aise s’ils devaient forcer leurs fans à payer 120 dollars par an (ou bien à se tourner vers des sources illégales de contenu) pour être sûrs de pouvoir écouter leurs nouveaux titres.

 

VYRT Jared Leto streaming musique

 

Mais le cas des FSN créant leur propre contenu exclusif en lien avec la musique —– sessions live, documentaires, couverture de festivals, mix par des invités, compilations saisonnières — apparaît plus probable. Une évolution qui rapprocherait les services de streaming du domaine des radios (évolution que les radios anticipent d’ailleurs déjà avec prudence). Dans un domaine similaire, alors que de plus en plus de consommateurs du grand public souscrivent des abonnements à des services de streaming, on peut s’attendre à ce que les programmations centrées sur les artistes célèbres intègrent aussi davantage le premium.

Certains services de streaming s’aventurent déjà sur ce terrain et nous verrons sans aucun doute ce phénomène se développer dans les prochaines années. En outre, si l’essentiel de ces contenus exclusifs sera surement utilisé comme moyen de distinguer les services les uns des autres — selon la prédiction de Le Sac —, cela pourrait aussi être une façon de différentier les niveaux de prix.

Ce qui rapprocherait les FSN d’un modèle analogue à celui des réseaux de chaines de télévision satellite et par câble: offrir juste assez de contenus exclusif pour un dollar ou deux de plus par mois et ainsi faire passer une certaine partie de vos abonnés à la gamme de prix supérieure. En effet, concernant ces offres-là, les FSN pourraient bien emprunter le même chemin que les réseaux câblés.

La Qualité Audio

Cet aspect est déjà mis en avant par WiMP et Deezer pour justifier d’un surcoût de dix dollars mensuels pour les utilisateurs (bien que, sur certains marchés, ils n’ont proposé l’option de la haute qualité que récemment et pour ces territoires c’est vraiment le fait d’avoir un point de vente unique qui fait la différence avec les concurrents).

De fait, l’industrie du disque s’est essayé depuis plusieurs années à la vente d’enregistrements en meilleure qualité audio et à un prix plus élevé (tant en support physique qu’en téléchargement) avec un succès limité. Les disques à la qualité audio élevée restent un produit de niche même si les acheteurs concernés ont plutôt un gros budget. En parallèle, les ventes en téléchargement de fichiers WAV et FLAC, lorsque disponibles, ont été très limitées.

 

qualité audio streaming musique

 

Concernant le marché du streaming, certains avancent pourtant que la qualité audio élevée pourrait assurer un marché de niche plus large si ce marché persistait. Maintenant, beaucoup de gens écoutent la musique sur des appareils qui ne peuvent offrir de qualité audio élevée, et même ceux qui sont équipés n’arriveraient surement que difficilement à faire la différence entre un MP3 à 320kbps et un fichier WAV à la qualité CD.
Mais la différence avec le streaming en haute qualité — par rapport à la même qualité sur disque ou téléchargement — est qu’il n’est pas nécessaire pour le consommateur d’investir dans une nouvelle technologie ni d’être capable de savoir comment intégrer des fichiers FLAC dans sa collection de MP3. La proposition s’en trouve donc très simplifiée, à savoir “Payez-nous, appuyez sur ce bouton et écoutez la musique comme si vous étiez en studio”.

Cela pourrait tout à fait fonctionner à condition qu’il n’y ait pas de problèmes de bande passante ou de capacité de stockage lorsque l’écoute hors ligne nécessite qu’un fichier soit téléchargé sur l’appareil portable. WiMP a en tout cas été très positif quant à la rapidité d’assimilation par ses utilisateurs de son offre premium lancée l’année dernière.

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

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