Comment bien choisir votre distributeur digital? itw de JTV Digital

comment bien choisir son distributeur digital de musique ?

Toujours beaucoup de questions sur le sujet, crucial, de votre choix de distributeur digital. Tout d’abord sur la définition du distributeur, des contrats, de ce que cela apporte…Pour répondre à tout cela, j’ai donc demandé à Jeremie Varengo, fondateur de JTV Digital, une société indépendante proposant des services de distribution numérique, édition musicale, conseil et promotion, de répondre à quelques questions.

 

– Comment définiriez vous un distributeur numérique?

Un distributeur numérique (de musique dans le cas nous concernant ici) permet aux artistes, labels et tous fournisseurs de contenus de mettre en ligne leur catalogue (albums, singles, sonneries, vidéos) sur les sites de téléchargement (légal) ou de streaming (légal) tels que iTunes, Deezer, Amazon, Spotify et autres.

 

– Entre distributeur et agrégateur, y’a t’il vraiment une grande différence de services maintenant? Tous offrent-ils le même support ou la même technologie? Y’a t’il vraiment des différences de rémunération entre les distributeurs? 

La principale différence est la suivante : un agrégateur acceptera de traiter avec des artistes en direct, quelle que soit la taille de leur catalogue ou la « qualité » de leurs productions, tandis qu’un distributeur aura tendance à être sélectif, sur des critères quantitatifs et qualitatifs, ne contractera en général qu’avec des sociétés (des « labels » pour faire simple) et exigera un historique de ventes / revenus avant d’accepter (ou pas) de travailler avec ledit label.

La raison étant qu’un distributeur se rémunèrera (sous forme de commission) la plupart du temps uniquement sur les ventes, il faut donc un réel potentiel de revenus ; alors qu’un agrégateur proposera un modèle différent, de type « prestation de services », par exemple un abonnement, global ou par album/single, un coût par album/single ou titre, une commission réduite sur les ventes associée à un abonnement ou un coût fixe…Etc. Il existe beaucoup de business models différents qui rendent les offres difficiles à comparer.

Les services seront sensiblement les mêmes, un distributeur aura toutefois tendance à proposer un meilleur support en termes de marketing / promotion, sachant que sa rémunération se fait seulement sur les revenus, il est donc essentiel pour un distributeur que des ventes/streams aient lieu.

Pour un agrégateur, et notamment pour ceux, de plus en plus nombreux, proposant des modèles de type « reversement de 100% des royalties », le fait qu’il y ait des ventes/streams ou pas ne change absolument rien, on est là dans de la pure prestation de services en ligne.

En termes de support, si on entend par là support client, c’est très variable, mais je dirai que oui tous ont une qualité de service correcte à ce niveau-là, et la plupart proposent des FAQ assez bien documentées qui évitent les recours constants au service client.

Pour ce qui est de la technologie, même si les méthodes sont différentes et propres à chaque agrégateur/distributeur techniquement, le résultat est le même, envoyer des fichiers d’un point A à un point B, une interface de gestion de contenus et des statistiques de ventes, et ça « tout le monde » sait le faire.

Comme évoqué plus haut, on trouvera des différences de reversement surtout chez les distributeurs, il n’y a pas de standard, c’est presque du cas par cas en fonction du « poids » du label avec lequel ils vont travailler (plus le potentiel ou l’historique de revenues est élevé, plus le label pourra négocier un % de reversement intéressant).

Concernant les agrégateurs, on est soit sur un modèle « 100% royalties » avec par ailleurs un système d’abonnement annuel global ou par album/single pour le client (artiste/label); soit sur un modèle hybride « % sur royalties + frais de mise en ligne », en général autour de 90% du montant des royalties reversées + des frais relativement faibles de mise en ligne ; soit sur un modèle « % sur royalties sans frais additionnels » mais c’est de plus en plus rare car pas rentable (la plupart des artistes indépendants ne vendant pas grand-chose), dans ce cas on trouve des offres à 80% ou 70% de reversement sans autres frais.

 

– Beaucoup de distributeurs proposent la monétisation des videos sur Youtube, est-ce un critère essentiel?  

Oui et non. Oui si vos titres sont susceptibles d’être utilisés par d’autres sur leurs propres vidéos / sur des vidéos émanant de tiers (« User Generated Content », UGC), cela permet de monétiser ce type d’utilisations.

Non si personne ne vous connaît et que vos titres sont uniquement utilisés sur votre propre chaîne YouTube/ sur vos propres vidéos (dans ce cas vous pouvez monétiser votre chaîne vous-même en créant un compte AdSense et en le liant à votre chaîne YouTube ; cela se fait dans les paramètres de chaîne, une fois connecté à votre compte YouTube)

 

– Certains distributeurs ont bien + de visibilité que d’autres, mais au final, entre un gros et un plus petit, y’a t’il vraiment une grande différence dans le traitement pour l’artiste?

Je dirai qu’un gros traitera moins bien un (petit) artiste en raison justement de sa taille et du nombre très élevé de références / artistes à gérer dans son catalogue. Ce que l’on observe est que lorsqu’ un agrégateur / distributeur devient trop gros, ce type de structure tombe dans les mêmes « travers » qu’une major gérant des millions de titres, ils sont confrontés aux mêmes problèmes de volumétrie et de ressources : seuls les artistes/labels générant du revenu auront droit à une attention particulière, les autres seront noyés dans la masse.

Mais c’est un effet mécanique et tout à fait logique, on ne peut pas vraiment leur reprocher de se concentrer sur les éléments leur permettant de gagner de l’argent…

 

comment bien choisir son distributeur digital de musique ?

 

– Quelles sont les clauses du contrat sur lesquelles il faut bien faire attention avant de le signer? Par exemple, un gros distributeur que nous ne nommerons pas propose aussi la gestion des droits voisins et inclut carrément une délégation de pouvoir dans son contrat de distribution, qu’en pensez-vous? 

Il faut notamment regarder les clauses concernant l’exclusivité, et les celles relatives à la sortie de contrat (« opt-out »), il est préférable qu’il y ait une certaine flexibilité sur ces points. Mais on n’est jamais vraiment bloqué, au pire on a des délais de résiliation de 3 mois avant renouvellement par tacite reconduction, ce qui n’est pas la fin du monde non plus.

Une gestion déléguée des droits voisins n’est pas forcément une mauvaise idée, tout dépend de la façon dont cela est fait, gérer ce type de droits soi-même reste très lourd administrativement parlant, donc pourquoi pas. Après, que l’on gère soi-même ou que l’on délègue il ne faut pas s’attendre à des miracles, pour le digital on parle ici de quelques poussières de centimes (à moins de vendre des millions de titres évidemment).

 

–  Beaucoup de distributeurs disent distribuer sur des centaines de territoires. Mais sur des territoires assez spécifiques comme la Corée du Sud ou le Nigéria, ne vaut mieux t’il pas passer des deals en direct avec les distributeurs locaux qui connaissent le marché, les interlocuteurs et les sociétés de gestion de droits? 

Oui alors il faut faire attention à ce type d’arguments marketing. Beaucoup de distributeurs annoncent un nombre de plateformes supérieur au nombre réel, car ils multiplient chaque plateforme par le nombre de pays dans lesquels le service est disponible 😉

L’essentiel est d’être présent sur les services principaux comme iTunes, Amazon, Spotify, Deezer, YouTube…etc., les services de niche ou les « petits » pays (économiquement parlant) ne représentent rien en termes de revenus.

Certains distributeurs ont cependant des accords avec des agrégateurs (justement) locaux qui offrent un accès à des marchés bien spécifiques (certains pays d’Asie ou d’Afrique), pour des cas particuliers cela peut être intéressant.

Il est possible (mais pas toujours facile) de passer des deals en direct avec des distributeurs locaux opérant sur une zone bien précise, mais sans aucune garantie en termes de reporting ou qualité de service ; l’avantage d’un distributeur ou agrégateur « global » sera justement de pouvoir centraliser sa gestion de contenu au sein d’un même CMS (Content Management Système) et d’éviter de s’éparpiller.

Bien garder en tête également que l’usage d’internet, du mobile, la qualité des réseaux…etc. n’est pas la même partout, il faut vraiment prendre en compte le contexte économique, le marché, avant de se lancer dans telle ou telle zone. Mais encore une fois c’est une question de volume, si je suis une Major évidemment je vais contracter en direct (sans distributeur ni agrégateur) avec le moindre service de musique « légale » aux quatre coins du globe (même si la viabilité financière de ce type d’approche reste discutable…) afin de maximiser mes revenus (si tout se passe bien).

Si je suis un artiste indé ou un label de taille même moyenne, cela n’a aucun intérêt (sauf cas très particulier, marché de niche…etc.)

 

– Quels sont les critères à retenir pour bien choisir son distributeur?

Les critères de base d’abord : taux de reversement, coût d’utilisation du service, plateformes proposées et territoires couverts, type de contrat (exclusivité ou pas).

Mais, et je dirai « surtout » considérer ce que le distributeur peut faire « en plus », au-delà de la distribution qui comme on l’a vu reste à la portée de nombreux prestataires : y a-t-il des services annexes, des options ? peut-on obtenir du conseil, un suivi personnalisé (à la demande et moyennant finances, mais regarder si cela est possible tout de même) ? est-ce que le distributeur travaille avec des partenaires marketing ou autres offrant des conditions tarifaires avantageuses pour ses clients ?

Pour faire simple, demandez-vous si vous êtes prêts (et peut-être que c’est exactement ce que vous recherchez, dans ce cas prenez n’importe lequel) à être livrés à vous-mêmes face à une interface de mise en ligne, en priant pour que les ventes tombent du ciel un jour car vous êtes génial et que le monde entier attend votre prochain album, ou avez-vous besoin d’aide pour établir une vraie stratégie de développement « digital » au sens large, et des outils / options / services qui vont avec ?

 

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

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