Vous voulez qu’on écoute votre musique? Alors ne parlez pas de Rock!

Aujourd’hui notre ami Marc-André Laporte sur site quebecois Donne ta Musique se penche sur un sujet crucial. Comment parlez-vous de votre musique? En général, pas bien. Je fais souvent l’exercice lorsque je suis en intervention de demander à chacun de se présenter en 30 secondes. Et j’ai souvent droit à un magnifique “je fais du rock” ou “je fais de la pop”. Super. Alors ça, ça me donne envie de vous écouter tiens. Et c’est justement le sujet de l’article de Marc-André.

Lors d’une nouvelle rencontre, on a cette fâcheuse habitude de rapidement poser la question suivante:

« Que fais-tu dans la vie? »

On veut savoir quel est le boulot de la personne comme si ça pouvait nous permettre rapidement de la juger. Si vous jouez de la musique, je parie ma chemise que la question cette question est remplacée par:

»Quel genre de musique vous jouez? »

Je la pose constamment cette question et on me répond constamment

« du indie rock »

ou

« du jazz »

ou

« du rap »

Ou tous les styles recensés sur cette carte.

Je suis déçu à chaque fois car ça n’attire pas mon attention et je finis par oublier de prêter oreilles à vos projets. J’ai tellement entendu de indie rock qu’il est malheureusement impossible pour moi d’en faire une référence intrigante.

Je crois qu’il est temps de laisser la catégorisation aux magasins de musique. Ce qui est ironique c’est que les surfaces diminuent depuis quelques années et par le fait même, le nombre de catégories de musique aussi.

HMV a maintenant une catégorie « Musique légère ». Vous ne voulez pas vous y retrouver, j’en suis persuadé.

Présentez maintenant votre musique comme si votre son était une rencontre entre deux entités. Faites l’exercice, vous verrez que ce n’est pas facile. Mais pour un mélomane, ça attire beaucoup plus l’attention.

Voici quelques exemples:

RhyePortishead rencontre The XX

Mirel WagnerLeonard Cohen rencontre Cat Power


Ce référencement est très précis et vous arriverez à toucher les fans d’un artiste ou de l’autre. Chose que vous ne ferez jamais à tous les fans de Heavy Metal.

Style musical = marketing de masse
X rencontre Y = marketing de niche

Le marketing de masse n’est pas une bonne avenue pour votre projet.
Soyez précis!

Maintenant, faites l’exercice. Dites-moi quelle est la rencontre de votre son.

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About Marc Andre Laporte

Diplômé en Communication-Marketing à l’Université du Québec à Montréal, Marc-André est directeur du marketing de la radio CISM 89,3 FM. Sur son site www.donnetamusique.com, il transmet ses idées, essaie des nouvelles stratégies et discute de l’actualité musicale.

7 comments

Bonne question. Je dis souvent que White Note joue du post-alternatif rock, quelque part entre Radiohead et Sigur Ros. On m’a reproché plusieurs choses :
– étiquette trop compliquée
– le “rock alternatif” est un courant des années 90, donc le terme ne correspond pas
– entre Radiohead et Sigur Ros, c’est trop vague

Malgré ces avis extérieurs négatifs, ça reste la meilleure définition que j’ai trouvée à ce jour…

J’ai depuis le début de McNoodles mis dans la bio ou les présentations faite du groupe “à la Shannon Wright / Chokebore”. Le seul problème c’est que même si on m’a dit qu’effectivement, le rapprochement n’était pas mauvais, encore faut il connaitre ces 2 groupes là… Mais mettre Indie Rock tout seul… ça ne veux effectivement pas dire grand chose.

Merci pour cet article!
Tout à fait d’accord à 200%. En tant que réalisateur j’avoue que la façon de définir le projet, et particulièrement le style, est un grand indicateur de la maturité de la démarche…. voir un critère de sélection!
Je me souviens qu’on m’a présenté à l’époque “Love Song” de Sara Bareilles comme “Alica Keys rencontre Coldplay”. Audacieux raccourci certes, mais combien plus direct que “american mainstream pop singer-songwriter and pianist with british taste hit”.

De même, bosser avec “Le Johnny espagnol” donne plus envie qu’un “chanteur de variété-rock ibérique resté dans les année 80”, ha ha !

Fred (en 2013… Daran rencontre John Mayer trio?)

le style musical “mass marketing” , et X rencontre Y de la niche ?

je suis tellement pas d’accord !

D’accord certains genre (typiquement “indie-rock”) ne signifient absolument rien, mais à l’inverse d’autres styles musicaux sont très significatifs quand ils sont employés à bon escient (par exemple: powerpop, folk-rock, slacker, indie-pop, C86, Twee Pop, garage-rock, pop psyché, post-punk, shoegaze etc.) et certains amateurs, souvent ceux de niche d’ailleurs (d’où ma perplexité) se reconnaissent totalement dans des esthétiques de genre.

A l’inverse “la rencontre de X et Y” ça sonne pour moi comme un sticker apposé sur un disque sponsorisé par les Inrocks, autant dire ce que je déteste.

Après je pense qu’effectivement une liste de trois quatre noms de groupes proche, peut aider à cerner la musique et je trouve ça cool de les mettre.
J’aime bien la façon de faire de Hozac qui met un “RIYL” (Rate If you Like).

Je trouve ça un peu dommage de vouloir “standardiser” sa musique en y associant deux noms vendeurs … mais je comprends qu’il faille aider les pauvres programmateurs, bien souvent largués … J’ai souvent vu ce procédé dans des pubs/chroniques dans des magazines, sur des stickers collés sur la pochette de CD’s ou encore dans des résumés de programmation de concerts … et j’ai souvent été déçu en m’apercevant que ça ne correspondait pas du tout à ce qui “était annoncé” … Un peu l’impression de m’être fait arnaqué …

Pour ma part, je me situe dans une niche musicale non représentée en France. Il m’est donc difficile de décrire ma musique au premier venu … Pour la plupart des gens il ne s’agira que de “rap” mais je pense/imagine cela va plus loin que ça …

Alors je tente le coup car je suis joueur :

Le Phénomène Rapanormal = Eminem rencontre The X Files

ou

Le Phénomène Rapanormal = Eminem rencontre Stupeflip

J’ai bon ? Je veux bien un coup de main Virginie lol

A l’heure où chacun est en mesure de créer de la musique et potentiellement fonder son propre courant esthétique ; il est en effet compréhensible que les classification musicale classique ne signifient plus grand chose. Au cours du tournage de mon film documentaire “Off – une odyssée au coeur des musiques actuelles”, les artistes avec lesquels je travaillais ont tous été unamimes et préfèraient soient s’affranchir de toute étiquette et travailler sur une description sensitive de leurs musiques ; soit mettre leurs créations en relief par rapport à leurs influences ; forcément multiples ; en bon artiste 2.0 qu’ils sont !

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