Tout sur la synchronisation musicale (titres dans des films, séries et trailers)

En avril dernier s’est tenu la conférence “How To Place Music In Hollywood Films, Television and Trailers” organisée par la NARIP (National Association of Record Industry Professionnals). Le panel composé de Music Supervisors en provenance directe de L.A venait nous livrer leurs secrets sur le placement, ou synchronisation, de titres dans des films, séries et trailers.

La synchronisation c’est le mot qui fait rêver tout producteur ou éditeur de musique : face à la crise du disque les revenus complémentaires qu’elle génère sont de véritables bouées de sauvetages.

Le sujet étant particulièrement intéressant DBTH s’est rendu à cette conférence et vous livre ici son compte rendu.

9h : arrivée à l’espace Oscar Nemeyer, accessoirement siège du Parti Communiste Français, après avoir récupéré son badge, pris un café et salué les quelques têtes connues parmi les professionnels présents on se dirige vers la grande salle de conférence du PCF.

Présentation du panel

Tess Taylor, présidente de la NARIP, modèrera la conférence avec Romain Vivien, DG de Believe Digital.
Les guests speakers arrivés tout droit d’Hollywood comme nous le rappelle le powerpoint projeté en arrière-plan sont :

–       Andrea Von Foester, directrice musicale au cinéma et en télévision (Chronicle, Grey’s Anatomy, The O.C., 500 Days of Summer, Stargate Universe)

–       Marcy Bulkeley directrice musicale chez Big Pictures Entertainment, société productrice de bandes-annonces (Inception, Sponge Bob, Sherlock Holmes, Harry Potter 6 & 7, Looper)

Bref nous avons devant nous de vrais music supervisors qui sont en charge de la sélection musicale qui accompagne films & séries à gros budgets.

Pendant les 4h de conférence de nombreux points seront abordés : comment “pitcher” (présenter) un titre à un music supervisor, les règles de base et autres prérequis concernant l’envoi de ses titres, les questions contractuelles, les ayants droits, les revenus etc….

Après s’être présentés nos guests américains nous expliquent brièvement qu’ils adorent la musique française, tout au long de la conférence on mentionnera Air, Phoenix, M83, C2C (si vous voulez placer vos titres dans une superproduction, mieux vaut faire de l’électro !).

Quelques chiffres :

– Un long métrage peut utiliser jusqu’à 30 titres différents, dans une série on est généralement entre 3 et 12 passages musicaux sauf pour les comédies qui peuvent totalement s’en passer en se contentant de « rires en boîte ».

– Pour les bandes annonces (trailers) c’est très variable, on utilise souvent un mix de « score » (musique d’accompagnement qui détermine l’ambiance : dramatique, stressante, joyeuse…) et de titres commerciaux pour attirer l’attention du public. Par exemple pour Very Bad Trip 2, la bande annonce de 2’30 utilise des titres des Beasties Boys, de Jay-Z et de Kanye West ce qui représente 1 million de dollars en synchronisation !

C’est d’ailleurs en plaçant ses titres sur des bandes annonces que l’on peut toucher le jackpot : la musique utilisée pour un film représente environ 3% du budget total alors que le marketing peut représenter jusqu’à 30%. Le music supervisor a donc un budget extrêmement serré pour la musique contenue dans le film, mais pour la bande annonce c’est dans la part marketing du budget qu’il peut aller piocher.

Voici un petit tour d’horizon des conseils donnés…

  • Contact

A moins que votre titre soit hyper médiatisé et que l’on vienne vous chercher il faudra démarcher ou « pitcher », pour cela il faut trouver le contact d’un music supervisor. Il faudra donc faire vos recherches et trouver les agences spécialisées et obtenir le précieux email d’un responsable. Oubliez les comptes Facebook, les numéros de portables, ou les envois de CD par la poste : les musics supervisors sont ultra-sollicités et il faudra privilégier le contact par email.

  • Pitch par email

votre email doit être bref et contenir toutes les informations dont pourra avoir besoin le responsable ainsi que des liens d’écoute. Ne vous attendes pas à recevoir une réponse : « Pitching is like a letter to Santa Claus ». Souvent le responsable écoutera vos titres, les chargera sur son iPod et ne pensera à une utilisation possible pour votre titre que longtemps après (d’où l’importance d’avoir toutes les métadonnées et informations de contact dans votre emails). Pas la peine de relancer, cela ne fera qu’énerver votre interlocuteur qui reçoit des centaines de mails par jour. Voici donc ce que doit contenir votre email :

  • Description des titres

Le genre musical doit être précisé dès l’objet du mail, il faudra bien entendu développer dans le corps du mail en donnant un précisant le thème du titre, les groupes similaires (les « Black Keys sound-alike » ont la cote en ce moment), décrire le développement du titre (intro pendant les 30 premières secondes puis arrivée des cordes à 45’, refrain à 1’05″), mettre en avant les éléments intéressants de la chanson  « A partir de 1’43″ le refrain avec les chœurs d’enfant est magnifique ». Vous pouvez également parler de l’artiste, tout élément sortant de l’ordinaire « Il a grandi avec Léonard Cohen  et lui a appris à jouer à la guitare » ou toute anecdote qui pourrait attirer l’attention du responsable car comme ils l’admettent « Funny does not hurt ».

  • La musique

Certains musics supervisors veulent uniquement des liens permettant de télécharger vos titres, d’autres apprécient d’avoir un lien pour une écoute immédiate en streaming. Il vaut donc mieux prévoir les deux : des liens Soundcloud ainsi qu’un lien de téléchargement qui n’expire pas (oubliez Wetransfer). Si vous avez aussi les parties instrumentales de vos titres n’hésitez pas à le signaler et à les inclure.

  • Les métadonnées

C’est l’un des éléments les plus importants, le music supervisor n’a pas de temps à perdre et il doit trouver rapidement les informations dont il a besoin ainsi votre fichier audio doit être accompagné de ses métadonnées, si possible renseignées dans la description du fichier lui-même. En plus du nom de l’artiste et du morceau il faudra préciser si possible l’ISRC, le nom du producteur, de l’éditeur ainsi que les informations de contact ! N’hésitez pas à ajouter des mots clés ou des thèmes à votre enregistrement : Love song, Roadtrip, Frightened, Male vocals…

  • Les droits

Pensez à préciser si vous êtes le producteur, l’éditeur ou les deux. Si vous êtes dans ce dernier cas c’est parfait car vous pourrez indiquer « one stop rights owner » : en effet pour le responsable de la synchronisation il est vraiment plus simple de n’avoir à négocier qu’avec un seul ayant droit. Si vous ne détenez pas tous les droits sur le titre indiquez les autres personnes à contacter pour obtenir leur autorisation. Pensez également à indiquer si vous avez les droits monde ou sur une zone géographique limitée. Tout ce que vous pouvez faire pour simplifier le travail du responsable de la synchronisation est un avantage sur vos concurrents.

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About Julien Philippe

Chef de projet chez DBTH (dbth.fr) et passionné de vinyles, Julien Philippe s'est forgé une expérience de la gestion des droits et de la distribution digitale après ses débuts chez Naïve puis en tant que Digital Rights Manager chez Believe Digital. Retrouvez le sur twitter http://www.twitter.com/julienphilippe_

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