La qualité sonore (I): Le diktat du son transportable aura-t-il raison de nos émotions ?

Moteur ! Le blog DBTH et Virginie Berger m’accueillent pour quelques mois dans leurs colonnes afin d’aborder un sujet qui m’interpelle : la mutation vertigineuse des « métiers du son » face à la nouvelle donne du marché de la musique.

A cheval sur plusieurs époques, – un « bon 35 ans » que je fréquente les consoles de France et de Navarre, j’ai donc été confronté au défilement accéléré du paysage, un peu à la manière d’un voyageur de TGV. S’agirait-il de la disparition des dinosaures ? Pas si sûr !

Je profite donc de ma quadruple casquette de réalisateur de disques, d’ingénieur du son, (live, TV et studio),  d’ingénieur de mastering, et enfin de formateur, pour entamer cette démarche volontaire, presque militante qui, loin de prétendre donner des leçons, souhaite apporter un éclairage « de l’intérieur », avec l’humble ambition de faire réfléchir à la fois les acteurs du monde de la musique et tout simplement les mélomanes… bref, ceux qui ressentent le profond bouleversement du rapport son/musique et de la qualité du son. Je sais qu’ils sont nombreux !

Soyons clairs, si cette qualité sonore s’amenuise encore et disparait, elle  engloutira avec elle toute une filière et nous emmènera tout droit vers une paupérisation du gout.

Le son est avant tout une sensation mise au service d’une émotion qu’est la musique. En changeant la restitution d’un son, on en modifie la substance, la matière, le ressenti et donc finalement les habitudes et les exigences de l’auditeur.

Le voyage que je vous propose comportera une première étape, logiquement donc, celle du ressenti, celle du goût ! Il me parait primordial d’aborder prioritairement la question sur le plan sensoriel. Tout comme en cuisine, de « grands-chefs du son » existent ! En visant la standardisation du goût, ces passionnés vont disparaitre, remplacés peu à peu par de simples techniciens, réduits au rôle d’interface « homme-machine », ils contribueront malgré eux à l’accélération de cet appauvrissement. Le diktat du son transportable et stockable à moindre frais aura-t-il raison de nos émotions ?

DBTH


La chaleur et la matière, la noblesse et l’imperfection des belles restitutions sonores trouvent pourtant encore de nombreux adeptes et je dirais même que la résistance s’organise ! Que dire des sites tels que Qobuz qui propose des téléchargements au format Master Studio en 24 bit? Malgré cette démarche à contre courant, il rencontre un succès grandissant ! Que penser des réunions de Guillaume HURET, les soirées « Rejoice durant lesquelles il diffuse une sélection de titres, « à fort supplément d’âme », selon ses propres termes, sur une installation Hifi très haut de gamme. Ces événements font salles combles et il doit louer des espaces sans cesse plus importants. Aurions-nous imaginé des soirées « diffusion », sold out, il y a 20 ans ? Sans oublier l’initiative de Neil Young, excédé par la compression ambiante, il cherche à promouvoir un format audio, « le Pono » , non destructif, plus exigeant encore que les normes d’encodage CD, emboitant le pas à d’autres formats qui préservent l’intégrité du son comme le FLAC, l’ALAC ou le WavPack ! Certains artistes cherchent même à rendre leur production plus organique en y ajoutant scratchs, craquements de vinyl et déformation de timbre de type vieux téléphone. Bref beaucoup résistent à l’aseptisation et souhaitent recréer des conditions d’écoute et de respect qui s’y associent

Après avoir raisonné « organique », je retracerai l’histoire de l’évolution des méthodes, des technologies et surtout des compétences de l’ingénieur du son. Une photographie technologique, en quelque sorte. Nous diviserons cette deuxième partie du parcours en trois périodes distinctes.

Don't believe the hype


Premier arrêt : les années « tout analogique ». Les principes et méthodes employés à l’époque si riches d’anecdotes en tout genre et l’abandon d’un aréopage de petits métiers d’hyper spécialistes qui enrichissaient indubitablement la variété des productions audio.

Viendront ensuite les années charnières : Le CD est apparu. Elles modifient en profondeur les habitudes du public, des professionnels et bouleversent surtout les contraintes du mastering ! Les guerres de religion font rage chez les usagers comme les professionnels ! Il nous faudra parler de l’exception latine qui nous fera adopter des multipistes numériques encore balbutiants alors que les anglo-saxons exploiteront l’âge d’or de l’analogique certes vieillissant mais fiable et performant !

Nous survolerons enfin notre panorama d’aujourd’hui, constitué de l’omniprésence de l’ordinateur accompagné de son inévitable interface « écran-clavier-souris » et de ce que cela apporte et enlève au processus de création. Nous parlerons de l’outil pédagogique dont nos professions se sont enfin dotées pour apporter un enseignement digne de ce nom. Et enfin, évoquerons l’avènement du home studio, et de la confrontation des « gens de son » aux formats d’écoute finale. Peut-on aujourd’hui confectionner un son compatible avec la diffusion sur le net et de véritables exigences audiophiles ?

Le troisième grand volet de cette saga envisagera les deux grandes hypothèses d’école pour demain :

Le premier scénario, pessimiste certes… pourrait voir l’avènement du règne définitif et incontesté du son « pasteurisé ». Du fait du contexte économique général et du secteur en particulier, le nivellement se fera bien entendu par le bas, accompagné de sa baisse des performances, (non ? Est-ce possible de l’abaisser encore ?) La passion des « forcenés du son » sera alors comparable aux images noir et blanc des pionniers de l’âge d’or de l’aviation… Les musiciens et les créateurs pourraient décider de se passer définitivement des professionnels du son, les plus habiles d’entre eux tentant de compenser une faiblesse technique par un apport de goût et de créativité, leurs installations visant à satisfaire aux seules exigences ergonomiques du musicien. Les rôles d’ingénieurs, de réalisateurs et de musiciens seraient alors concentrés dans les mêmes mains. Rappelez-vous, nous avons déjà un vécu cela, musicalement ! La disparition des grands groupes !! Les Beatles s’ils n’avaient pas rassemblés les – pourtant très forts – talents individuels de leurs membres, Sir George Martin inclus, auraient ils été capables de produire un « tube » par mois durant 5 ans ? Pas certain !

Hypothèse numéro 2 plus optimiste et probablement un peu utopique : Nous pourrions imaginer une prise de conscience massive et déterminée des acteurs qui devant l’appauvrissement manifeste, se mobilisent pour la sauvegarde des « saveurs » et réinventent outils et méthodes au service de la sensation.

DBTH


Bien entendu, aucun de ces deux cas d’école ne peut fidèlement refléter la réalité de demain et nous nous situerons probablement quelque part entre ces deux pôles extrêmes, à la fois dans le regret de la noblesse passée de nos professions et l’émerveillement devant la créativité et l’inventivité de certains qui auront su utiliser les contraintes du marché pour mieux rebondir !

J’en suis certain, la passion survivra et le petit groupe d’irréductibles que nous formons fera école. Je ne peux imaginer que la musique classique, le jazz et certaines productions pop puissent se satisfaire de méthodes de production ayant tout sacrifié à la déesse « Productivité »

Au cours de ce voyage, je souhaite interviewer des artistes, des producteurs, bref… des acteurs de ce marché. Je souhaite également vous faire réagir, vous faire part de liens, d’albums, de courants esthétiques qui ont traversés ces 35 dernières années afin de vous donner des points de repère. Nous constaterons ensemble que certains artistes font aujourd’hui merveille et révolutionnent la création en faisant mentir tous les raisonnements…

Bien entendu, je vous réserve la surprise de ma conclusion quand, bien sûr, vous serez tous très très nombreux à me suivre régulièrement au sein des colonnes de DBTH !

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About Pierre Jacquot

Pierre Jacquot est Ingénieur du son, mixeur et réalisateur depuis 35 ans, (disque/Tv/Live) aux cotés des plus grands. Superviseur son de la cérémonie d’ouverture de la FIFA 2010 ou mixeur durant de nombreuses années des NRJ Music Awards, Pierre est aussi formateur et quelquefois même… journaliste, puisque il tient également une rubrique pédagogique dans les colonnes de Keyboards Recording. Il exploite aujourd’hui un studio d’enregistrement à Versailles.

19 comments

J’attends la suite, ça devrait être intéressant 🙂

Le problème de mon point de vue est surtout générationnel, le rapport à la musique ayant énormément évolué. J’ai 45 ans, et je me souviens que je devais économiser et aller chez un vrai disquaire pour trouver de la musique, qui en avait alors d’autant plus de valeur – comme objet (belle pochette, etc) et comme art (écoutes en boucle, je n’avais pas beaucoup de disques). La notion de valeur de la musique (qui renforce la perception de la qualité du travail fourni par l’artiste et l’équipe technique) me semble bien loin aujourd’hui du grand public, qui pirate ou paie 0.99€ pour un click et une écoute distraite avec les oreillettes plastiques dans le métro.

Il y aura toujours des vrais amateurs, mais ils seront toujours en minorité par rapport aux consommateurs (qui regardent aussi des reality shows au lieu d’aller au ciné club, par exemple).

Le vrai problème de la sauvegarde de la qualité sera une question de business model, pas de motivation qui elle ne manque pas, quoi qu’on en dise.

Au passage, un sujet inquiétant mais que je crois connexe: la prolifération des tribute bands, ou la longévité presque malsaine de certains groupes dont les membres ont les cheveux blancs et ne tiennent presque plus debout. Est-ce que ça veut dire que l’abondance de l’offre empêche les jeunes pousses de percer, et que du coup le public se rabat sur les vieilles branches qui ont pu germer dans les années 70, 80…? ou est-ce juste une génération de nostalgiques qui ont les moyens de faire ressortir des retraités poursuivis par le fisc ?

Bel article, je me faisait la même constatation il y a peu . Quand on observe la nouvelle génération (que j’appelle génération zapping) on constate que, non seulement ils consomme la musique comme un vulgaire paquet de chips, mais qu’en plus rares sont ceux qui savent écouter un morceau en entier: ils zappent des bouts de morceaux comme ils regardent la télé. A quoi bon travailler sur une création artistique élaboré comme pouvaient le faire les Floyd (par exemple) avec des morceaux de 20minutes , quand des boulimiques du téléchargement les pirates pour n’en ecouter que 20 secondes ?

Bien sûr, nous vivons des temps de grands changements …
Bien sûr plus rien ne sera jamais pareil, et là je réponds aussi à Laurent D.

Je vais sur mes 40 ans et suis passé du vinyl, à la K7, au CD (que je hais), au mp3 puis à tous les formats numériques puisque je m’amuse un peu avec l’outil de production … Même si mon métier est l’image.

Le home studio a changé l’approche de production et chamboulé sa chaîne. L’artiste s’assimile de plus en plus au producteur, ou bien trouve dans son entourage quelqu’un qui fera évoluer sa production à ses côtés. La finalisation studio se fait aujourd’hui à partir d’un produit bien plus fini qu’auparavant, mais c’est aussi cela qui est intéressant. Pas mieux, mais c’est une “nouvelle” approche qui n’est pas sans intérêt …

“Nouvelle” car on est confronté à cela depuis les balbutiements de la musique électronique et plus particulièrement depuis la fin 70 / début 80 où la programmation et le développement des machines a changé nombre d’instrumentistes en “pré-producteurs”.

Ce qui me dérange un peu dans le discours de Laurent D est la croyance que le public d’aujourd’hui est majoritairement séduit par le “jetable”. En effet, j’ai été plus d’une fois impressionné par la culture de très jeunes personnes qui ont eu accès grâce au net à bien des pans de l’histoire de la musique. Ce qui était plus difficile pour nous, puisqu’il fallait avoir accès aux supports physiques et donc les trouver, par d’autres, par discothèque (là où l’on empreinte des disques) ou par magasins (ce qui nécessitait certains moyens).

D’autant plus qu’il n’est pas dit que l’écoute dans un casque plastique est moins bonne qu’à travers un mange disque ou à partir d’une cassette au défilement capricieux … De même que malheureusement le CD nous avait déjà plongé dans une froideur de son et une qualité toute relative.
Je dis cela, car pour moi, l’écoute au casque, même au walkman, est une immersion jouissive dans la musique, une façon bien particulière et profonde de ressentir la musique. (Je remercie SONY pour cela, sans rire, le “baladeur” a changé ma vie. A l’inverse, je regrette qu’on ait choisi le standard Philips pour le CD qui est définitivement le support le plus mauvais que j’ai connu, tant en qualité de son que de fiabilité et de tenu dans le temps.)

Bref.

Je n’ai pas un discours très construit sur le coup …

Mais si je vois bien aussi que la qualité de restitution et de production de la musique n’est pas à son apogée, je ne peux croire qu’elle sera abandonnée en route.
Les mélomanes ne seront jamais ceux d’hier, mais ils ne disparaitront pas.
Et le ressenti face à un excellent son sera toujours si percutant sur l’humain, qui ne peut à mon sens se passer de musique, qu’il ne saurait être oublié.

Nous sommes à une étape d’adaptation, comme nous l’avons vécu pour l’image, le passage à la vidéo par exemple, aujourd’hui complètement désuet face à la qualité numérique qui rejoint doucement mais sûrement l’argentique.

Personnellement, je garde bon espoir que les années à venir la technique rattrape l’analogique et que la qualité s’équilibre, voire s’améliore finalement …

En réponse à Victor Ego, j’ai peut être été peu clair, mais je suis d’accord qu’il ne faut pas généraliser. Pour m’exprimer plus clairement, je dirais que la majorité du public aujourd’hui _a accès_ au jetable.

Et je reste ambivalent sur cette explosion de l’offre par rapport aux capacités d’absorption de l’auditeur moyen 🙂 “Trop de choix tue le choix”… ce qui donne lieu à des phénomènes de meute du style “un milliards de hits sur gangnam style sur youtube”. D’un autre côté il est merveilleux que les progrès techniques permettent au plus grand nombre de faire de la musique…
Et pour raccrocher la discussion au sujet de l’article, c’est justement la qualité qui permet de faire le tri entre l’amateur (sans être péjoratif) et l’artiste qui lui va aller jusqu’au bout de la démarche de qualité… tout en réussissant à ne pas céder aux sirènes de la guerre du loudness 🙂

Tant qu’il y aura des gens pour lire ce que d’autres écrivent, tant qu’il y aura des oreilles pour entendre ceux que d’autres disent ou composent, il y aura de l’espoir de faire prendre conscience que vivre c’est faire évoluer sa conscience.
Merci à vous Pierre Jacquot , par vos articles, d’œuvrer dans ce sens.
Vivement la suite !

Je vous rejoins, jean. L’important est la transmission, le passage de flambeau, l’éducation… Tant que certains partageront leurs convictions avec force, nous resterons en éveil, nous serons bousculés dans ce processus d’endormissement ambiant et c’est bien cela qui est important! Quant au commentaire de Krisskano, celui qui suit… Oui, bien sûr que Bach nous aurait fait rêver avec deux bouts de ficelles et un bout de scotch mais… je suis assez content d’avoir l’intégralité de son oeuvre enregistrée par des interprètes aussi habités qu’un Glenn Gould ou Philippe Herreweghe pour les oeuvres vocales dans des formats qui reflètent fidèlement le moment de ces interprétations… plutôt qu’en mp3 128 encodé à la va-vite!!

Que dire suite à cet article et ces commentaires, mon avis peut être ? La technologie permet de réaliser de superbes œuvre audio en numerique du début jusqu’à la fin, du super matos analogique et numérique disponible, de bon musiciens mais hélas une conversion destructrice pour faire écouter l’œuvre car peu de gens possèdent du matériel hifi de bonne qualité. Alors oui on croule sous les œuvres merdiques, mais le son ne fait pas tout, la creativitė est essentielle, JS Bach avec la moitié de notre matériel nous aurait fait rêver. Alors la qualité audio…

N’est-ce pas le propre de la production audiovisuelle depuis qu’elle a débarqué dans nos maisons avec la TSF, puis la télé noir et blanc? C’est normal que la chaine de production soit de qualité très supérieure à la chaîne de reproduction.

Est-ce que l’émotion c’est un bruissement d’aile de papillon en 5.1 qu’on entendrait sur une chaine ultra haute fidelité sur un SACD ou un accord de missipi blues saturé par l’enregistrement sur un rouleau de cire?

L’émotion est-elle réservée à une élite qui prendrait le temps d’écouter la musique dans sa bibliothèque? La ménagère qui écoute la radio en faisant la vaisselle n’écouterait que de la “soupe”?

On pourrait faire un parallèle avec l’art, ne peut on pas ressentir l’émotion d’un Rubens sur un livre en papier glaçé, faut-il absolument le voir “en vrai” distinguer les petites craquelures et détails?

Les mass media ont réussi à faire arriver la culture partout, et même si ce fut dans un but mercantile, c’est une des innovations majeures du 20ème siècle, dénigrer ceci au profit d’un élitisme exacerbé n’est pas honnête.

La Hi-Fi n’était d’ailleurs pas un moyen de recommencer à vendre du matériel de reproduction sonore lorsque tous les ménages étaient déjà équipés?

Vous ne m’avez pas bien lu Maxime. Je ne parle pas de la disparition de l’émotion mais de son filtrage par l’altération de la perception…. Préféreriez-vous que nous orientions cela sous la forme du “seuil minimum en deça duquel l’émotion n’est vraiment plus perceptible?” Il est évident que l’on peut se faire une vague idée d’un Rubens sur papier glacé, (déjà réservé à une certaine élite, celui-là!), Prétendriez-vous pour autant qu’il n’y a pas de différence avec une visite au Louvre? Je comprends votre crainte de l’élitisme… je crois que je redoute encore plus le nivellement par le bas!

L’usage de la musique “nomade” a complètement bouleversé le rapport à la musique.

Bien que l’on trouve comme dans d’autres domaines une tendance de fond pour un retour au “slow” (vinyles, disquaires, écouter la musique dans de bonnes conditions), comme dans les autres domaines (restauration, agriculture, photo, etc.) ça ne va toucher qu’une frange minoritaire (non négligeable certes).
En gros alors que l’industrialisation avait permis la démocratisation des biens de consommations, aujourd’hui cette même industrialisation associée à des comportements de consommations privilégiant la quantité et la rapidité à la qualité et au plaisir est en train de créer un monde à deux vitesses: ceux qui ont le savoir, le temps et les moyens de bien vivre et apprécier, et les autres. La multiplication d’offre premium dans de nombreux domaines est une preuve de la résurrection des “premières classes” et de services / biens à deux vitesses. Bien sûr la segmentation n’est pas nouvelles mais j’ai le sentiment qu’il y a une amplification dans de nombreux domaines, y compris la musique (l’abonnement à Spotify vs l’édition vinyle luxueuse – les deux ne sont pas incompatibles, mais représentent des écoutes très différentes de la musique)

Je suis peut être pessimiste mais je doute que l’on vienne au stream en qualité CD pour tout le monde, et même si c’était le cas ce n’est pas avec des casques “beats by dr dre” que les gens se rendront compte de la différence (un exemple typique de marketing moderne, ou comment faire un casque “flatteur” mais qui déforme totalement les intentions de la musique…).

Dans tous les cas, je ne suis pas un anti-bricolage, je pense qu’un disque lo-fi est aussi une réponse à un marché de la musique difficile, dans lequel il est difficile pour les musiciens de se payer des studios en envisageant pouvoir le financer avec les ventes futures de disques, de musique etc.
Le lo-fi peut même être un choix artistique valide , il y a plein de grands disques lo-fi (Sebadoh, les premiers Shoes – pas le groupe français, Guided by Voices etc.)

A part ça s’il existe des grands producteurs / ingénieurs du son dont le métier se rapproche de l’art il existe aussi bon nombre de tâcherons incapable de comprendre les intentions d’un groupe.
il n’est pas impossible qu’un groupe obtienne de meilleurs résultats en se débrouillant qu’en faisant appel à un ingé son. Pour peu que l’ingé-son essaie de coller “sa” vision, il va pas rendre justice à la vision du groupe.
Mais un bon ingé son qui “comprend” un groupe va bien sûr apporter un travail inestimable sur un disque que le groupe ne parviendrait pas à obtenir.

Dans tous les cas au delà de la qualité même de l’enregistrement (et du mastering, du mixage etc.) c’est aussi la question du contexte pour apprécier la musique.
Un flux pour remplir le vide de l’existence ? ou une émotion pour remplir l’âme ?

bon j’espère ne pas passer pour un gros snob, mais bon je suis assez “négatif” vis à vis de l’évolution du rôle de la musique dans notre société malgré le fait que je sois encore à peu près jeune (un peu moins de 30 ans, de la génération “cd”)

Quel dommage que je n’ai vu votre post plus tôt! J’ai remis “ma copie” concernant le deuxième volet de mon article et vous verrez que j’approche certains des sujets que vous abordez. Votre raisonnement est juste et je partage plusieurs options que vous évoquez. J’aurais aimé nourrir mon propos de votre contribution, ce sera pour une prochaine fois, sans doute!
A très bientôt et merci pour votre participation.
Pierre JACQUOT

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