Une approche alternative de la musique: Les Génisses dans l’Maïs

Agnes Bayou, redactrice en chef du Transistor a rencontré les Génisses dans l’Maïs, un groupe de rock’n’rural militant. Ils sont dans une approche alternative de la musique – un monde qu’on connaît pas, un monde complètement à part du marketing..

Sortons un peu des sentiers battus. Pas de promo, pas de release party, pas de stratégie marketing, pas de la label… Une autre vision de la musique avec Les Génisses dans l’Maïs. Vous n’en avez probablement jamais entendu parler, et pourtant, ils viennent de sortir leur troisième album, En Marche. Rencontre avec Maxim qui explique le concept du rock’n’rural, le militantisme des Génisses, l’amour et puis la vie.

Non, Les Génisses dans l’Maïs ne sont pas végétophiles, ni zoophiles d’ailleurs. « C’est une jeune vache qui est pas à sa place dans l’maïs. Et nous, c’est exactement ça avec mon pote Billy : on fait du rock’n’ruroll, on est là où ça dérange. C’est de la chanson de lutte, de la chanson d’amour, et d’la chanson à déboires ! C’est un mélange d’émotions, de sentiments, de kiff de jouer ensemble ! Moi chuis à la guitare et au chant, il est à l’accordéon, et on fout le bordel partout où on passe. Notre but c’est de redonner vie à des lieux qui sont un peu aseptisés, notamment les bars, la rue… retrouver la joie, le plaisir, les trucs un peu primaires, quoi. C’est ça le délire des génisses dans l’maïs. » C’est donc là qu’on découvre un nouveau style, le rock’n’ruroll. « En rock’n’ruroll, je connais que nous, on peut dire qu’on l’a inventé. Les Génisses dans l’Maïs c’est le bordel des VRP et la poésie de la Rue Ket’. C’est un mélange de poésie et de fouteurs de merde. C’est Billy qui fait toute la poésie du truc avec son accordéon, et avec sa main gauche, il fait la basse, moi j’amène la pèche avec ma gratte et ma voix, et on y va, on fout le bordel. »

Avec son pote Billy, ils se sont retrouvés dans un lycée agricole, sur une formation en alternance d’éducateur à l’environnement. « Notre boulot c’est de faire découvrir tous les p’tits plaisirs que cachent la nature. Que ce soit les oiseaux que tu peux trouver en ville ou à la campagne ou en bord de mer. Les bienfaits de maintenir une haie en campagne. C’est hyper vague. Pendant trois semaines on était sur le terrain à bosser avec les enfants et pendant quinze jours on était au lycée agricole. Je travaillais à Belle-Ile-en-Mer, et je leur expliquais ce qu’était une dune, je leur montrais les beaux coins de l’île, et pourquoi on avait des landes aussi fragiles et aussi belles. »

Leur thème principal n’est pourtant pas la beauté des paysages mais une vision acide du monde rural. « Nos premières chansons on les a écrites sur l’agriculture et notre vision du monde rural, qui est au moins bien malade si c’est pas pourri à chier… c’est notre culture, c’est notre histoire, c’est la campagne, on est des gros ruraux de base. On est un peu corrosifs sur le monde qui nous entoure, y’a une chanson qui s’appelle Sarkograd qui raconte la droite Bolchévique. La Course parle de notre vision de l’agriculture, on a aussi La loca vida, qui parle de la folle vie de la vache folle… »

En quatre ans d’activité, ils ont plus de deux cents dates à leur actif, et ont été récompensés lors de plusieurs tremplins, qui leur ont permis entre autre de jouer en première partie des Ogres de Barback !
« C’était de la folie, y’avait du monde partout ! Ils avaient 1800 personnes à leur concert, et nous quand on jouait, y’avait déjà 1200 personnes d’enregistrées. On a pris une balle. Et nous, à longueur de temps on se tape de jouer dans des bars vides, mais si on a fait des sacrifices, c’est pas pour jouer devant des pécores, du coup, on stressait pas parce qu’on commençait à toucher du bout du doigts ce pourquoi on faisait tant de sacrifices. Y’a pas de pression. Au pire on se rate, les gens s’en branlent, ils viennent pour les Ogres. On s’est éclatés, après les Ogres nous on dit qu’on envoyait du gros paté, c’était géant. C’était du gros bordel pendant une heure de temps. »
Et chaque concert leur apporte d’autres dates. « En fait on a foutu tellement le bordel en concert, sur trois dates, on en est ressortis avec trois nouvelles dates, du coup ça fait douze dates, d’où ces fameux débuts de soirée festirock, en première partie de Thomas Fersen, première partie de Danakil et première partie de Jeanne Cherhal… et sa sœur Lise, je crois. »

C’est encore grâce à un tremplin qu’ils ont pu enregistrer leur troisième album, En Marche… « Ca nous a reboosté ! On en vend vingt à trente à chaque concert. Le deuxième album, on en a vendu 850. Le troisième, on aimerait en vendre autant. Ce qu’on se dit c’est préfèrera toujours une poignée de main à une poignée de dollars. » L’important, c’est pas l’argent, c’est de militer. « Y’a pas un concert où y’a pas Billy ou moi qui porte un t-shirt Jeudi Noir, on se revendique. A la base, on faisait des concerts pour pouvoir faire de l’oseille pour Sortir du Nucléaire. On faisait passer un chapeau, et l’argent allait pas dans notre poche, on faisait un chèque à l’asso sortir du nucléaire. Et pendant un an et demi, y’avait 150€ par mois de l’argent des Génisses qui partait à l’asso. On est dans ce délire là, engagé jusqu’au dernier poil du cul. »

Maxime précise qu’on ne peut détacher Les Génisses de la lutte. « On peut chanter des chansons d’amour, c’est pas gênant, ce qui est important c’est que notre mode de diffusion des chansons soit dans la lutte. On va que dans des endroits qui sont engagés. » Lutter et prendre son pied ! « Si tu enlèves ça des Génisses, c’est super basique, moi je suis pas un grand guitariste, et je trouve que Billy a beaucoup de poésie, mais ça reste une guitare et un accordéon. Notre force c’est qu’on est complices, y’a plein de couples dans ce pays des couples hein, des gens qui ont niqué ensemble, qui ne seront jamais aussi complices que Billy et moi, et on est hétéro ascendant hétéro, y’a pas de problème là-dessus. Et on sait pourquoi on fait de la musique ensemble, je sais pourquoi je fais de la musique avec lui et pas avec d’autres, si c’était pas Billy j’aurais arrêté la musique. Mais avec lui c’est dans un cadre militant ! Quand je monte sur scène, c’est pour que les gens soient en sueur à la fin. Faut que ce soit le chaos ! »

Les Génisses dans l’Maïs seront le 13 juillet au festival Festi’Rock avec Winston McAnuff, Thomas Fersen, Luke…
Et avec Jeanne Cherhal le 27 aout.
C’est là que vous pourrez vous procurer leur nouvel album, En Marche


Inscrivez-vous à notre newsletter

et recevez les derniers articles du blog tous les lundis!

I agree to have my personal information transfered to MailChimp ( more information )

Nous respectons votre vie privée. Vous pouvez vous désabonner à tout moment.

About Agnes Bayou

Agnes Bayou n'est ni plus ni moins que la redactrice en chef du Transistor (www.leTransistor.com), magazine musical en ligne. Au travers de sessions musicales, d’entretiens et de portraits d’artistes, de comptes-rendus de concerts appuyés de photos live, de chroniques d’album et de dossiers sur l’industrie musicale et ses diverses facettes, Le Transistor souhaite replacer la musique dans son contexte social et plus général.

Leave a Reply

*