12 types d’artistes et le direct to fan…

Paul Resnikoff, du site Digital Music News s’est demandé quel artiste pouvait utiliser le direct to fan. Il a répondu à cette question en définissant 12 types d’artistes. Bon, c’est un peu cynique. Mais son point de départ était de se demander quels artistes pouvaient utiliser le Direct to fans, et s’il pouvait y avoir génération de revenus par la suite….En effet, le marketing DTF est il plus adapté à l’artiste Do It Yourself, qui doit tout faire tout seul, à un artiste indépendant ou à l’artiste signé en maison de disques ?

Par exemple, il partait du postulat que Topspin travaille principalement avec des artistes ayant dépassé la phase de dev (même s’ils se sont ouverts à tous récemment) tandis que CD Baby s’adresse à tous et principalement aux artistes DIY.

Déjà, reposons la base: Le marketing direct-to-fans – ensemble d’actions marketing se concentrant principalement sur la monétisation de la relation artiste et fan – est en plein développement. Ce business model ne dépend plus uniquement de la diffusion en radio ou des clips sur les chaînes de télévision. Il dépend principalement de la relation entretenue entre les artistes et leurs fans.

Les artistes qui s’appuient sur leur base fan pour diffuser leur musique et la monétiser ne sont cependant pas les créateurs d’un nouveau concept. On peut trouver des exemples d’artistes ayant utilisé ces outils et méthodes à chaque nouvelle génération de musiciens. Cependant aujourd’hui, avec l’avancée des technologies, la musique peut être vendue aux fans à travers de nombreux canaux. Et c’est bien là la nouveauté !

Au-delà du changement du mode de diffusion et de consommation de la musique, les artistes, maisons de disques, producteurs, managers doivent non seulement trouver de nouveaux moyens de diffuser leurs contenus, les rendre visible, les monétiser… mais doivent également s’adapter à de nouveaux comportements de découverte et d’écoute de la musique.

Pour le grand public, les modes d’écoute ou d’accès de la musique sont chamboulés par de nouveaux usages et de nouvelles technologies. En parallèle, les artistes utilisent ces mêmes nouveaux outils pour acquérir de la notoriété, et pourquoi pas, la monétiser dans le but de signer avec l’industrie de la musique ou mieux, de gagner suffisamment d’argent pour vivre de leur musique, et ainsi rester autonomes

Cependant le direct-to-fans peut tout aussi bien être utilisé par les maisons de disques, les managers… en coordination avec les artistes.

Avant de démarrer, je tiens vraiment à recadrer la compréhension que l’on peut avoir sur le DTF. Cela existe depuis que la musique existe. Seule compte la musique et le fan, au milieu, ce ne sont que des intermédiaires qui sont là pour amener aux oreilles du fan cette musique. Ce n’est donc pas une nouvelle mode marketing mais ce n’est pas non plus le dernier miracle en date qui va sauver la musique. Le direct to fans, ce n’est pas spammer ses fans pour qu’ils écoutent et achètent une musique. Cette stratégie, applicable par tous, de l’artiste à son label, est longue. Elle demande une vraie reflexion. Savoir à qui on s’adresse, ce qu’on va leur dire, comment, par quels intermédiaires, ce qu’on va proposer. Il n’y a rien de magique dans le direct to fans.

Reprenons le cours de l’article,  justement quels sont les différents types d’artistes, exactement qui peuvent utiliser le DTF? Cela va au delà des genres et styles musicaux….



L’artiste dit « Do It Yourself »

Seul, ou en groupe, il assume pratiquement tout, tout seul. Il peut être au tout début de son développement, avec un niveau très faible de revenus.  Mais un artiste DIY peut aussi être un artiste expérimenté qui a fait le choix de faire sa musique seul.

Le Direct To Fan (DTF) avec une équipe

Il est accompagné par une équipe, payée ou non, et utilise le direct to fan, c’est à dire qu’il diffuse et vend sa musique en direct à ses fans. L’approche marketing est plus sérieuse, et il y a contrôle de la création et de la distributio. Il peut aussi y avoir un partenariat avec un label (comme Arcade Fire).

Le professionnel : Le musicien qui tourne

C’est un musicien professionnel qui tourne, gagne de l’argent et utilise le direct to fan pour fidéliser sa fan base et développer ses revenus.

Le vacancier

Ce fut probablement un musicien sérieux et accompli dans le passé. Maintenant la musique est devenue un hobby, en plus d’un travail quotidien. Le vacancier voit comme des jouets les distributeurs en ligne et les utilise pour diffuser sa musique, sans en attendre plus.

Le vacancier qui refuse de voir qu’il est vacancier

C’est essentiellement un artiste qui a de grandes aspirations mais peu de chances de générer audience et vente. Il ne devrait pas quitter son travail…

L’artiste signé

Les artistes signés peuvent également utiliser et développer le direct to fans. Le direct to fans peut également être utilisé par un label (label to fan), ou toute autre forme de partenariat (éditeur, tourneur ou même une agence de communication…)

La Superstar signée

Ils passent leur temps en tournée, vendent des millions d’albums et passent en radio et en télé. Mais ils voient malgré tout une baisse de leurs revenus d’une année sur l’autre.

L’auteur compositeur

Il peut également être interprète. Il met “en relation” musique et texte et touche principalement des revenus via les synchronisations et le droit d’auteur.

L’artiste Post-Label direct to fans

Il s’agit de l’artiste qui peut avoir décidé de son plein gré de quitter son label ou qui a dû le quitter car on lui a demandé. Il a choisi ensuite de ne pas repartir en label et de se tourner vers le direct to fan. Cela peut aller de Radiohead à Trent Reznor, à Amanda Palmer ou Cyril Paulus pour la France.

Le producteur

Le producteur a pour mission de créer un produit. Il avance une grosse partie des dépenses liées à l’ensemble des étapes de production et se rémunère sur les ventes réalisées (CD, Vinyles, téléchargements)
Un artiste peut également être producteur de sa musique ce qui contractuellement peut être très différent et significatif en termes de revenus.

L’artiste au long cours

Il s’agit de l’artiste ou du groupe qui n’est plus sous les feux des projecteurs mais dont les revenus sont toujours là grâce aux tournées, best-of et rééditions. Le DTF peut être beaucoup utilisé avec ce ce type d’artistes pour garder la visibilité et réveiller l’intérêt des fans.  David Byrne, Brian Eno ou Marillion sont de gros utilisateurs du DTF.

Les célébrités qui se veulent artistes

Nous ne pourrions pas vivre sans cette catégorie. Que serait la musique sans Paris Hilton, Tila Tequila, or René la Taupe ? Cette catégorie repose presque exclusivement sur leurs fans et sur la diffusion qu’ils font de leur musique. Même s’il s’agit souvent de deuxième degré.

On peut donc voir que la très grande majorité des artistes peuvent donc utiliser le direct to fans. Comme tous les types de structures. Il s’agit d’une stratégie universelle : Comment s’appuyer sur ses fans pour développer sa musique ? Pas seulement besoin d’être un artiste DIY pour le faire…

Illustration photo: “We want more”

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

13 comments

Il manque dans cette synthèse le cas des intermittent du spectacle (en France du moins) qui fait vivre beaucoup de monde et notamment la plupart des artistes .
dans mon cas la plus grande partie de mes revenu est généré par des créations musicales appliquées au theatre, danse et musique de documentaires qui me permettent de déclarer suffisamment de cachets .

Merci pour votre commentaire.
L’intermittence est un statut, ce n’est pas un type d’artiste 🙂
En étant intermittent, on peut complètement se retrouver dans les typologies de l’article.

bien sur mais il influe aussi beaucoup la carrière de nombreux artistes en leur permettant de ne pas dépendre de la vente directement de leur musique.
Il est devenu aussi à la longue un critère de jugement (c’est en tout cas ce que je ressent personnellement) .
je me demande si en France sans ce statut il y aurait des “artistes au long cours”,
des “auteur compositeurs” etc….
Il me semble qu’en Angleterre ou au USA par exemple beaucoup de musicien ont 2 plusieurs jobs .
Je crois que les catégorie décrite ne prennent pas en compte la professionnalisation de ces métiers grâce ce statut en en ne mettant l’accent seulement sur une finalisation commerciale de la musique alors qu’elle a de nombreuse “utilité” ou fonction qui peuvent elle aussi générer des revenus via bien sur le statut d’intermittent.

Mais le direct to fans existe depuis que la musique existe. C’est un moyen de diffuser et commercialiser sa musique, quel que soit son statut. Le but de l’article est simplement de montrer que cela est possible, que cela existe, quel que soit l’artiste qui l’utilise. C’est ce que j’explique dans l’introduction.
Après si le but de l’artiste n’est pas la commercialisation, c’est son choix. Mais ce n’est pas en l’occurrence le sujet de l’article; Tout comme je ne pense pas que l’intermittence soit la question lorsqu’on parle de direct to fans. ça ne change rien. L’intermittence est un statut, pas une fonction.
Ici, on montre que tout le monde peut l’utiliser, quel que soit le statut. Ensuite, si un artiste ne veut pas vendre et se repose sur l’intermittence pour faire vivre sa musique différemment, c’est un autre sujet 🙂

vous avez raison je ne crois pas que ce soit l’objet de cet article cependant en ne prenant pas compte de ce point vue il occulte une ceratine réalité que je constate. j’avais cru comprendre que la categorisation des artistes dans cet artice etait basée sur un critere essentiellement de revenu et c’est donc pour cela que le statut d’intermittent biaise ce point de vue

Je comprends ce que vous voulez dire. Néanmoins le sujet de l’article est la commercialisation de la musique en parlant d’un moyen alternatif. Il ne répond donc pas à une question de statut mais montre un moyen de commercialisation. Les typologies sont donc liées uniquement à la commercialisation. Ce n’est en aucun cas une réflexion générale. Si on veut integrer l’intermittence, dans ce cas là, on partira sur une reflexion differente. Ici, ce n’est pas le but. On montre simplement qui peut commercialiser sa musique en utilisant le direct to fans.

je pense malgré tout que cette manière de classer renvoie à une simplification du système dans lequel j’évolue et que je ne reconnais pas .

L’intermittence est un régime particulier du chômage. On peut être artiste sans être intermittent. On peut être artiste indé, en SARL….On ne peut pas dire que c’est un régime de chômage qui va décider de la crédibilité artistique. Si demain il n’y a plus d’intermittence, on considérera qu’il n’y aura plus d’artistes?

D’autre part, il faut y aller pour être intermittent en vendant des disques. C’est plus adapté aux artistes qui tournent. Donc un artiste qui n’a pas de concerts, et qui souhaite vendre des disques peut utiliser le DTF pour gagner sa vie. Il ne s’agit donc pas d’un “système”, mais d’une manière alternative….

je ne vais pas soulever ici un débat sur l’intermittence.
je tenais simplement à réagir à cette classification qui ,comme tout les classification ont tendance à m’agacer.
le terme de système n’est pas pour moi forcément péjoratif ni antinomique avec alternative.
Il est évident aussi qu’être artiste ne relève pas bien sur de sa situation au pole emploie,et qu’il y a aussi plusieurs façon d’envisager être artiste et même celle tout aussi louable d’avoir un autre métier à coté pour pouvoir justement jouir d’une liberté totale.
pour en revenir au DTF ,Il s’agit pour moi d’une très veille recette que j’ai déjà utilisée avant internet pour produire au moins 2 disques :Il s’agissait de souscriptions qui à chaque fois ont largement couvert la production mais jamais suffisamment pour salarié les groupes.
c’est vrai aussi qu’en tant qu’artiste s’est posé pour moi la question “comment gagner sa vie ”
j’ai testé la maison des artistes (ou plutôt agessa) pendant 5 ans et depuis un peu plus de 10ans l’intermittence que je n’arrive pas quitter (car je la trouve contraignante avec cette règle des 43 cachets à trouver).
pour finir et c’est peut-être hors sujet.
On oublie souvent quand on parle de l’essor du rock d l’avènement des instruments électrique comme la guitare et la basse ou même l’orgue hammond qui ont permis à une multitude de jeune gens de faire de la musique à moindre coût. Par là je veux dire qu’il ne faut pas oublier le contexte qui permet l’éclosion de discipline artistique.
on peux multiplier les exemple avec le cinema et les cameras 16mm ou l’informatique musicale qui me permet de fournir une musique quasiment fini
ou dont le rendu sera très proche du résultat final.
le statut de l’intermittence fait partie intégrante de ce contexte actuelle de la création musicale en France du moins (avec peut-être la belgique) qui permet à une scene rock, jazz ou experimentale d’exister sans pour autant vendre enormement de disque .

Mais je suis d’accord avec toi. Mon but est simplement de montrer qu’il existe d’autres alternatives. Car cela existe et va devenir de plus en plus important. Vu l’état du marché, il est essentiel de tenter d’autres choses…Cet article était du 2e degré quand même

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