Vendre sa musique partout ou la vendre que chez soi, que choisir?

Le duo infernal Frederic Neff (consultant spécialiste en distribution) et Julien Philippe (Digital Right Manager pour Believe Digital), revient pour un quatrième (et oui quatrième) article sur “Tout tout tout vous saurez TOUT sur la distribution en ligne”.

Après un premier épisode sur “Où ma musique va être disponible”, un second sur “Comment mettre ma musique en ligne” et un troisième sur “Comment récupérer ses droits“, ils s’attaquent cette semaine A “Ouaih c’est chouette on peut distribuer sa musique partout, mais au final, c’est quoi la meilleure solution? Chez soi et/ou chez les autres”?

Mettre sa musique sur Internet, en voilà sur une bonne idée. Mais on la met où?


Parce qu’Internet c’est grand. Alors si je mets ma musique sur Internet, je la mets où ?

C’est quoi le choix ?

On peut définir deux zones dans laquelle on peut rendre disponible à l’écoute et au téléchargement votre musique. Les sites commerciaux et votre espace personnel.

Dans une stratégie de Direct to Fans, la seconde semble plus appropriée. Bandcamp, Topspin ou quelconque solution proposant de la vente directe ou du stream sur VOTRE site (du moins celui dont vous avez l’administration) est incontournable.

Être sur Internet c’est pouvoir être visible, écouté et accessible de partout

Il existe, pour faire simple, deux grandes idéologies quand on souhaite être sur Internet. Soit on ne se rend disponible que sur son site, soit on joue la carte de “l’universel” en étant disponible partout.

Le but de cet article n’est pas de faire un comparatif Auto-Plus entre les deux solutions mais de donner des clefs aux labels et artistes pour faire le bon choix.

Deux solutions, deux façons de faire


Si vous optez pour une distribution digitale “territoire world” sans restriction, votre musique sera disponible sur plus de 300 sites de téléchargements, streaming et abonnement à travers le monde dont, au maximum 6 acteurs représentent plus de 95% des ventes.
L’avantage de cette formule c’est que vous ne vous occupez de rien. Votre agrégateur distributeur numérique fera l’interface entre vous et ces centaines de shop (magasins en ligne).

L’inconvénient? C’est qu’il y a un coût, soit un fixe à la mise en ligne de l’album, soit en pourcentage sur les royalties soit, comme pour Zimbalam, un mixte des deux.

Dans la solution à l’ADN Do It Yourself, votre avez 100% du contrôle sur votre diffusion et vente de contenu. Mais cette liberté vous coûte, en temps. Mais l’avantage est que vous pouvez identifier et vendre en direct avec votre public, sans marge.

Mais voilà, que l’on soit sur iTunes, youtube, Deezer ou Google, si vous souhaitez être écouté, streamé, aimé et vendu, il faut qu’on connaisse votre nom et qu’un lien renvoie vers votre musique. Où qu’elle soit.

Visibilité vs identification


Le deux ADN de ces deux stratégies sont là. Soit on optimise sa visibilité, via un agrégateur/distributeur, contre une rémunération plus ou moins forte, soit on centralise tout l’accès à son contenu sur sa propre identité, son propre site, pour identifier au mieux son public.

Avant de se lancer corps et âme dans la vente en ligne, ayez une pensée pour vos auditeurs.

Oubliez qui vous êtes, ne pensez plus comme un musicien ou un label avec des réflexes de “pro” mais pensez comme le tout venant qui vous aurait découvert au hasard d’un blog ou d’une utilisation Shazam.

Alors, quand on vous voit ou entend, est-ce qu’on vous identifie (est ce qu’on identifie le nom de l’artiste) rapidement ? Est-il lisible ? Quand je tape ce nom dans google, Dailymotion, Youtube, Deezer, Myspace, iTunes, Yahoo, Free, Orange, Facebook (liste non exhaustive) peut-on le trouver ?

Si oui, est-ce le titre que vous souhaitez mettre en avant qui ressort ? Si non, que devez-vous faire pour être visible ?

Car l’internaute lambda ne passe pas son temps sur les sites spécialisés de musique, il fait selon ses habitus d’internautes en passant plus ou moins systématiquement par tel moteur de recherche  ou tel site de vidéo ou tel portail d’opérateur.

En règle générale, on ne choisit pas une stratégie à 100% plutôt qu’une autre.

Le plus important, quand on souhaite mettre sa musique sur Internet, c’est de partir du contenu. Du son. Clip ou pas clip ? Fanbase existante ? Votre Site ? Facebook ? Twitter ? Bandcamp ?

C’est avant tout votre projet, votre album, votre EP ou votre catalogue qui va définir votre stratégie. Ensuite, rendre sa musique disponible, c’est permettre à quiconque d’y avoir accès, qu’il utilise Google, Myspace, Deezer, Spotify, Dailymotion, Bandcamp ou CD1D.

Il n’y a pas une bonne stratégie, il y a la stratégie intrinsèque à votre projet.

Il ne faut pas voir les magasins en ligne comme un concurrent direct à votre site mais comme un canal de diffusion/vente supplémentaire. Il faut sortir de l’équation “sites onlines vs mon site” pour penser présence sur Internet comme “sites onlines + mon site”.

Le seul élément qui fera la différence, c’est bien le “comment” on arrive à votre contenu que le “” est mon contenu. Plus vous serez référencé sur différents site, plus le “” est garni, plus efficace sera le “comment”.

La visibilité augmente votre assiette de public. Et quand vous activez une promo ou une actualité online, vous “transformez” cet effort de promo sur votre site mais aussi sur l’ensemble des autres shop (magasins) online.

Multiplication des canaux disponibles = multiplication des revenus


A condition bien entendu qu’un stimulus pousse l’internaute vers votre projet. Actu, visibilité, promo, média traditionnels, sex tape avec le prince Charles….(NDLR: ça fait vraiment vendre une sex tape de Charles? )

Là aussi les sites de stream et de ventes peuvent être un soutien à ce “stimulus”. Par exemple, si vous êtes une semaine en homepage de Deezer, c’est une visibilité 10 fois supérieure (en terme d’audience) à un passage sur Taratata et donc cela vous permet toucher un plus large public.

Mais une fois de plus, quel que soit le nombre de sites sur lesquels vous êtes disponible, tant qu’un “stimulus” de type promotionnel n’intervient pas, vous n’aurez pas de vente ni de stream, que ce soit sur votre site ou sur une plateforme. Car si on ne vous connait, on ne va pas aller vers vous….

L’une des différences entre le physique et le digital est là! Il y a encore 25 ans, les disquaires faisaient ce stimulus après du public. La mise en vente en magasins engendrait des ventes et des retours et quand la qualité était là, les ventes étaient supérieures aux retours.

Aujourd’hui, les sites ne font pas (ou peu) ce travail de recommandation.

C’est donc à vous de faire ces “stimuli” qui vont générer votre audience sur votre site en laissant TOUJOURS la possibilité de vous écouter ailleurs, sur les sites et les services qu’utilise et aime une partie de votre public.

Illustration photo: “We want more”

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About Frederic Neff

Consultant indépendant, spécialiste de la distribution physique et numérique, Frédéric est également formateur à l'Irma et à Nanterre sur ces sujets. Vous pouvez le retrouver sur http://viva-musica.blogspot.com/ et sur http://www.wearemusik.com. Il est également sur Twitter @vivamusica

10 comments

Bonjour,

Merci pour cet article et tous ses conseils.

To be reachable or to be reached, that is no more the question.

J’aime le conseil de partir de l’auditeur.
Mettre son contenu, sa musique en ligne et attendre que la gloire tombe du ciel est une belle croyance, mais elle n’a jamais mis de beurre dans les pates. Ce que rend possible le digital, c’est de se placer facilement là où traine son public et de comprendre comment il fait son choix. Je ne fais plus venir mon public (celui qui ne sait pas encore qu’il sera fan), je suis où il est.

Pour rebondir sur votre histoire de disquaires, je me demande s’il ne faudrait pas les recréer ? J’entends par là recréer une organisation (en offline et online) qui fait ce stimulus et qui aide des personnes qui ne sont pas des spécialistes à découvrir des musiques, des musiciens, des albums, autrement que par les radios, les télévisions, les charts,… Des influenceurs, des guides par exemple, en qui je fais confiance lorsqu’ils me disent vas-y écoute c’est sur, ça va t’plaire, et qui me font ainsi progresser d’un niveau 0 commercial standard vers un niveau un peu plus connaisseur, donc un peu plus engagé, donc une augmentation de la valeur. Pour prendre l’exemple de Noomiz, ce sont les VIS, les webzines et… les disquaires.

Parce que le risque à la fin est de reproduire le système actuel malgré les possibilités qu’offre le digital : il y aura peut-être un peu plus de mélomanes qui profiteront des nouveaux systèmes sociaux de découverte et d’apprentissage, mais il y a la mauvaise possibilité d’un monopole de distribution et de promotion par les plus grands (itunes, deezer,…) qui occuperont la totalité de l’attention et du temps de cerveau disponible de l’auditeur lambda. Et celui-ci, quand il devra choisir et acheter, choisira et achètera ce qui lui a été dictée par le monopole… et pour se faire voir de la masse, on ne peut pas faire une sex-tape du prince Charles tous les jours.

J’attends vos prochains conseils avec impatience.

Dans le genre il y a aussi les chroniques à la Guts of Darkness ou encore Tzadikology(pour ne citer qu’eux et pour des choses un peu “pointues”)…

Cher Frédéric Abella
mais je rêve d’un retour des disquaires, c’est sans doute le plus beau métier que j’ai fait mais soyons réaliste, il ne faut pas croire au père Noël, disquaire de nos jours, c’est du fantasme du passé.
Alors diantre, qui (quoi) fera le rôle du stimulus pour titiller l’auditeur ? Du passionné, du fan de musique, du blogueur fou, du disquaire online… bref, du passionné qui saura faire le tri dans tout ce que nous donne à écouter chez Believe, Youtube et consort.
Et Noomiz joue très bien ce rôle. Pourvu que ça dur 😉

Le travail du disquaire peut être fait par des commerçants en ligne indépendant comme http://www.cdbay.eu et par des webzines pour recommander et retracer l’actualités de nouveaux chanteurs assez prometteur.
C’est vraiment nécéssaire pour les artsites d’avoir des notions de marketing internet si non ça ne sert pas grand chose de metttre sa musique partout sans promotion derrière.

Très bon article auquel on peut ajouter un nouveau site que j’ai découvert récemment : Beatmix.

Il s’agit d’un reseau social pour beatmakers et artistes interprètes rap,hiphop,electro..etc.. (tous les styles musicaux urbains sont représentés en fait !)

On peut donc y vendre des instrus mais aussi des singles depuis peu !

Le site est légal , simple d’accès et l’équipe beatmix est vraiment sympa et a l’écoute.

Bref, venez visiter mon profil si vous etes en manque d’instrus , je suis la :
http://www.beatmix.fr/mixscape

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