Piratage: Mais pourquoi les explications des “contre” sont elles toujours aussi lourdes?

On va commencer par ces deux vidéos. Et puis vous me direz si vous pouvez aller jusqu’au bout.





Est ce que vous avez pu aller au bout de ces vidéos? Parce que moi non. Et pourtant je suis contre le piratage. Donc à priori je devrais être à l’écoute de ces arguments. Et ben non. Je trouve ça même véritablement triste. On nous parle de droit, de bien et de mal, de vol. Mais rien qui explique pourquoi on peut avoir ce point de vue sans être un puritain moraliste fini qui ne pense qu’à protéger son capital.
Une des pires était cette vidéo que l’on retrouvait dans les DVD avant le film, avec cette musique saccadée et les flash dans les sens…

Mais le plus pire des pires, c’est ça quand même:



Là, on a quand même touché le fond. Acteurs, raccourcis faciles de “Si tu prends un DVD, cette personne va perdre son job, tu te fous donc de l’humain”, culpabilisation….C’est comme ça qu’on tente de convaincre les gens d’arrêter?

Quand on parle de piratage, de musique gratuite sur internet, on a tout de suite une vision un peu romantique des choses, le “tout le monde peut avoir accès à la musique”, “libre accès à la culture”. C’est plein d’energie, de passion, de conviction. D’indignation aussi contre cette société de la consommation et ces mauvaises majors qui nous empêchent d’écouter et de distribuer la musique comme on veut. Les pirates sont des héros.

Et qu’est qu’on montre en face? Pascal Nègre qui s’enerve, des artistes vieux de la vieille qui ont déjà beaucoup vendus et des vidéos qui se veulent oppressantes mais dont un ami me disait que sa petite fille était au final morte de rire.

Je suis contre le piratage. Enfin, je suis assez schizophrène sur le sujet en fait. Je suis contre mais pas toujours non plus. Mais je suis pas contre parce que c’est illégal ou immoral, je n’ai pas vraiment de jugement là dessus. C’est pas que j’en ai rien à faire, c’est que je ne m’en préoccupe pas trop. Si un titre n’est pas disponible et que c’est la seule manière pour un gamin de l’avoir, je comprends qu’il brûle d’envie de l’écouter. Je ne le fais pas, je n’aime pas vraiment ça, mais je pense pas que ce soit ma place de juger qui que ce soit.

Par contre, pour un artiste, il y a un vrai souci dans le fait de lui prendre son album. Quand on sait ce que c’est que la création. La difficulté de créer, la douleur même. Et l’album est à l’artiste, il a le droit de le mettre à disposition quand il le désire, de le donner même s’il le souhaite et c’est frustrant que quelqu’un d’autre le fasse à sa place.


Et puis il y a 75 millions de titres déposés à la Sacem (et combien non déposés?)…et seuls 2000 membres touchent des droits équivalents à un smic mensuel…La plupart de mes amis artistes sont tous au RSA, la presque totalité de mes amis en maisons en disques ont été virés et ce ne sont pas des sales capitalistes tous pourris. Donc on pourrait aussi se demander comment développer de nouveaux business models en accompagnant ces usages.

Mais même en dehors du débat Pirates/Pas Pirates, moi tout ce qui m’interesse c’est l’artiste. Je pense qu’on ferait mieux de se concentrer là dessus. Et puis de laisser les artistes faire ce qu’ils veulent avec leurs oeuvres. Les laisser donner leur musique s’ils le souhaitent (interdit aux sociétaires Sacem), d’utiliser les creatives commons s’ils le souhaitent ( interdit aussi aux sociétaires Sacem)…ça aiderait déjà un peu.

Bref, d’arrêter de nous balancer des vidéos “Pirater c’est mal Rhhaaaaaggg, tu vas aller en prison, tu es mauvais”..parce que là, on passe tous pour des imbéciles finis sclérosés qui comprennent rien à comment ça se passe…

Illustration photo “We want more”

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

3 comments

Quand j’étais plus jeune (y’a pas si longtemps de ça) et que la vidéo n’était pas si répandue pour faire passer ce genre de message, c’est dans les magazine de jeux-vidéos que de telles pubs stigmatisaient alors les pirates de jeux-vidéos et de logiciels, grands méchants loups du moment : et que tu vas aller en prison pendant 2 ans, et qu’un jour personne ne voudra plus faire de jeux-vidéos, etc.

Résultat 20 ans plus tard ? L’industrie du jeu-vidéo pèse plus lourd que celle du film (mais là encore on va accuser le piratage). Il n’y a pourtant pas moins de pirates de jeux vidéos que de musique ou de films, mais qui dit jeu-vidéo dit informatique et c’est bien là la clé du problème de l’industrie du disque. Les gars, z’êtes des brêles dans ce domaine. Pardonnez-moi cet écart de langage, mais voilà la cruelle réalité de cette industrie en plein début de siècle numérique.

Cessez de pleurer sur votre statut d’artiste en perdition et soyez rassurés : on regarde toujours les gurus du jeu-vidéo comme des artistes même s’ils ont industrialisé la production. Ils ont su tirer leur épingle du jeu malgré une concentration bien plus redoutable de plateformes techniques et de distribution. Pourtant cette révolution tant attendue n’est pas prête d’arriver dans le monde du disque et d’autres acteurs tirent déjà les marrons du feu, des acteurs issus du monde de « l’informatique » justement 🙁

Et suivez les conseils de Virginie 😉

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