Une formule radicale pour l’industrie musicale?

Mike Masnick a décidément le sens des formules.

Il n’est pas que l’auteur du désormais fameux Cwf + RtB = The Business Model c’est à dire Connect with Fans + Reason to Buy = $$$

Il a également mis en lumière une formule destinée plus particulièrement à l’industrie musicale.

Compete with Free (CwF) + Return to Business (RtB) = The Business Model ($$$$)

Le concurrent principal de l’industrie musicale au sens très large donc industrie, artisans, artistes, on le sait, c’est le gratuit. Cette formule engage donc à réaliser que l’échange illégal de fichiers est loin d’être éradiqué, et qu’au lieu de passer trop de temps à se concentrer uniquement sur une bataille perdue d’avance, il vaut reprendre possession du terrain, donc du (des) marché(s) (RtB) pour mieux concurrencer le gratuit (CwF).

Imaginons que la RIAA ait appliqué cette formule il y a 10 ans au lieu de faire de la lutte contre le téléchargement illégal le cœur de son business model. Nous aurions maintenant des fichiers DRM Free et un Itunes interopérable depuis des années…

Nous ne sommes qu’au début du RtB. Si nous pouvons accepter le fait que les moins de 25 ans ne veulent pas être propriétaires du contenu mais seulement y accéder, si nous pouvons passer à une distribution numérique à 80% – 20% de physique et arrêter la nostalgie du « avant c’était le bon temps » nous pouvons alors créer alors une nouvelle économie.

Comment monétiser l’accès ?

Autant nous savons comment monétiser la propriété (abonnement/achat), autant il est encore très compliqué de monétiser l’accès. Et nous n’avons encore aucun business model gagnant sur cette monétisation. Je ne suis, par exemple, pas entièrement convaincue par le business model mixant abonnement (pour le payant) /pub (pour le gratuit). Cela ne suffit pas encore.

Par contre, nous savons que la valeur de l’accès est très importante et que sa monétisation peut être énorme.

Le rôle des labels évolue. Son rôle de base, indispensable, ne changera pas, en facilitant la commercialisation et la distribution des artistes. Par contre, la répartition des recettes sera complètement différente.

On peut supposer qu’à l’avenir les maisons de disques vont évoluer comme des structures d’accompagnement, en vendant une gamme de produits beaucoup larges que des CD (Telcos,  Apps, ISP, hardware bundling, abonnements, revenues sharing publicitaires, fichiers, concerts, merch, produits de niches…) et en développant la distribution digitale comme un moyen réel de diffusion et de monétisation.

La compréhension du rôle du consommateur va également être améliorée, ainsi que sa connaissance et son suivi. Un consommateur n’est pas seulement un acheteur ou un pirate. Et puis, on commence aussi à voir une utilisation concrete d’un music marketing créatif, utilisant les nouvelles technologies et les réseaux sociaux, mixant la musique, le graphisme, mais pas que, alors nous ne serions pas loin du RtB….

Plus que jamais, la musique est une expérience et non un produit,

Nous pouvons imaginer un grand nombre de moyens pour Vendre autour de cette expérience, et ce, malgré la concurrence du gratuit.

Compete with Free (CwF) + Return to Business (RtB) = The Business Model ($$)

Illustration photo “We want more”

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

4 comments

Je suis de plus en plus dubitatif quand à la possibilité même de concurrencer le gratuit. Comme l’explique assez bien Chris Anderson dans son livre Free!, la différence entre le gratuit et le très peu cher est, en fait, énorme. Je ne pense donc pas qu’il sera possible de concurrencer le gratuit en mettant sur pied des offres payantes. Je crois (en mon nom personnel) que l’avenir de la musique, c’est le gratuit. L’argent, il ne faudra pas le gagner sur la distribution (physique ou digitale, c’est identique, les coûts sont simplement moindre – quasiment nul, en fait, et c’est d’ailleurs pourquoi le gratuit est possible) mais sur autre chose. Le problème, quand on voit les chiffres américains évoqués par le Variety, c’est que le business du live est aussi en grosse diminution actuellement.

Tu évoques des pistes, et je crains que celles-ci vont mettre encore plus en danger les artistes auto-produits et les petits labels. Seuls les grosses machines pourront faire de l’argent sur la pub, le merchandising, le data,… Les produits de niche sont peut-être une solution, mais cela signifie également une chose, qui me semble de plus en plus évidente : les artistes et les labels gagneront (encore) moins d’argent.

Je crois qu’il faut comprendre que le marché de la musique va diminuer de volume et qu’il faut travailler en sachant qu’il y aura moins d’argent à gagner!

(il va sans dire qu’il s’agit d’un avis perso, pas celui de mon label)

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