Dis, Qui es tu Charly avec ta Drôle De Dame?

Soyons tout d’abord très clair. Charly est un ami du type de mon entourage proche. C’est un artiste aussi. Mais aussi un ami. Donc bien évidemment que ma présentation va être d’une subjectivité extrême et complètement assumée.

Ce qui m’épate chez Charly, outre la dextérité avec laquelle il frappe sa vieille Gertrude est sa volonté, constante, de comprendre ce qu’il doit faire, et pourquoi il doit faire. Et sa passion. Intacte. Je connais sa galère, les refus, les difficultés, mais il continue. Toujours. Et ça, ça m’épate.

Charly est un artiste tout seul mais entouré. Et c’est de ça dont je lui ai demandé de vous parler.

On est en 2001… Je suis installé à Paris depuis quelques mois. EMI music me contacte suite à une démo envoyée en masse dix jours avant. Coup de bol monstrueux. Après deux rendez-vous, je me retrouve en studio de pré-production… Malheureusement, quelques mois plus tard, déception: l’aventure s’arrête, le chef de projet se fait gentiment remercier suite à une artiste qu’il a défendue corps et âme et qui a fini par attaquer sa propre maison de disque… Pas cool pour lui… Pour moi, avec le recul je me dis que c’était un signe, je n’étais pas prêt.

Je passe alors trois années à faire des allers-retours entre Home Studio et autres labels/éditeurs (BMG, Chrysalis, Feu orange, Vital song, 14 prod, M6 interactions, etc…). Presque tous ont le même discours : « On ne fait plus de développement d’artiste par contre on a besoin de titres pour des chanteurs Mainstream ». A l’époque, c’était le monopole des interprètes de variété et le grand boom de la TV réalité, Loft, Starac et autres Nouvelle Star. Je mets en suspens mon projet et travaille avec des amis sur des titres taillés sur mesure. Du « song plugging »… Beaucoup de chansons passent les dernières sessions d’écoute et certaines sont retenues pour les albums : « Les gars, c’est bon, ça part en prod ! » mais elles finissent par être mises de côté au dernier moment.

Bosser quotidiennement sur des chansons ultra ciblées qui ne voient pas le jour me laminera l’esprit… mais me fera prendre les bonnes décisions plus tard.

Je décide de faire un break. C’est là que je rencontre Gertrude (ma guitare centenaire) via le net. Elle quitte Clearwater pour me rejoindre à Paris. On s’enferme pendant des mois. Elle me fait réaliser que je dois tracer ma route en indépendant quitte à  trouver des partenariats plus tard et plus sains, basés sur les fondations que j’aurai bâties moi-même. Le projet « Charly et sa drôle de dame » nait. Je me lance dans l’autoproduction, m’enregistre, mixe, fait presser des CDs, apprends le html pour créer mon site web, monte mes propres vidéos, fais ma com. Je commence à travailler ma présence sur internet puis comme beaucoup de groupes, je crée un Myspace; comme beaucoup de groupes, je frôle le harcèlement Myspacien

Je poursuis en démarchant la presse et obtiens des chroniques digitales et papiers. Ma façon de frapper Gertrude nous fait remarquer par le milieu guitaristique dont les magazines Guitar Unplugged et Guitar Part. Ce dernier me choisit comme artiste indépendant pour un de leurs numéros et place un titre sur leur compilation. Mon plus gros revenu en droits d’auteurs. Mon CD autoproduit squatte les bacs et les bornes d’écoute dans toutes les Fnacs parisiennes et les concerts suivent dans la capitale pendant plusieurs mois… L’aventure indé commence bien.

Je me fais repérer par un label grâce à une vidéo Live à la Locomotive qui traine sur le net.

On se suit… toujours pas de signature… Ses artistes marchent bien mais le label constate que ça ne lui rapporte pas assez comparé au temps investi. Crise du disque ? Le label décide de se diversifier dans plusieurs domaines et met de côté le développement  d’artiste.  Il est persuadé que je ne suis pas loin et m’encourage à continuer ma route en indépendant, à attaquer encore plus les médias. Selon lui, les partenariats découleront par la suite d’eux même. Il me rassure sur ma vision du projet : « Personne d’autre que toi ne peut faire ce taf en amont et avoir autant la hargne ». Il me confie un fichier de contacts médias.

2ème CD : je décide donc de partir sur les traces de ma première autoprod et de mettre un coup d’accélérateur. Mais en deux ans tout a changé radicalement. J’en subis les répercussions pour la première fois. Les disquaires ne prennent presque plus d’autoprod. Les rayons se font rares. Myspace qui avait remplacé mon site est devenu une boite à SPAM et se fait déserter à son tour. Les gens sont saturés d’offres musicales. Les programmateurs de salle encore plus muets qu’avant. Il faut que je communique autrement sinon le projet meurt…

Je persévère donc dans la sortie du 2ème EP, commence la promo, distille sur mon chemin – tel Le Petit Poucet –  CDs et post-it dans les rues de Paris et dans le métro, signe un contrat avec un distributeur digital et m’attaque aux réseaux des radios Férarock et Iastar. C’est à cet instant que deux personnes importantes s’intéressent à mon projet indé et me proposent leur talent: Melle Mouk (qui s’occupera des relances pros et concrétisera les diffusions radiophoniques) et Jérémie Abric (consultant en stratégie de communication). Nous décidons de travailler ensemble sur des vidéos interactives intitulées « Mais où est Charly…et sa drôle de dame ? ».  4 clips filmés dans la foule parisienne où il faut cliquer sur Gertrude et moi pour accéder au niveau suivant. Chaque niveau correspondant à une chanson du dernier EP.

Ces vidéos Youtube sont mises en ligne une semaine avant le concert de sortie puis relayées sur nombreux blogs, sites, Facebook et Twitter. Superbe expérience même si faite dans l’urgence… Je perçois enfin à quel point le pouvoir d’échange sur le web peut-être enrichissant. Pour preuve, une augmentation conséquente des inscriptions à ma Newsletter via le jeu concours Youtube, ma rencontre avec Olivier Ravard qui fût le premier à écrire un papier sur ces vidéos et qui plus tard participera de sa plume sur la partie éditoriale de notre site. Ou alors Myriam Correard, génie de graphiste rencontrée lors du tournage des clips. Elle avait répondu présente à l’appel à figurants lancé via Facebook et par bouche à oreille. Depuis elle a rejoint l’équipe !

Tous ensemble, nous décidons de créer un site/blog, noyau dur de notre présence digitale. Je me lance dans Twitter. En changeant ma manière de communiquer, en partageant plus et en échangeant via le site/blog et les réseaux sociaux, les rencontres humaines et professionnelles se multiplient. Notre cas est même pris en exemple à suivre par quelques mangers/tourneurs… Le nom et le logo « Charly et sa drôle de dame » commencent à circuler et les derniers concerts ont ramenés un public nouveau. En ce moment, mes acolytes de scène (Gertrude & Mr Cigar Box) et moi travaillons sur des enregistrements de meilleure qualité pour ne pas commettre l’erreur du déséquilibre entre les différents aspects du projet. Il faut que l’ensemble soit cohérent (live, musique enregistrée, univers visuel, communication, présence digitale et physique) avant de vouloir lancer la machine de guerre. Le digital n’est pas notre solution miracle mais un outil extraordinaire pour ramener vers le « vrai » : la musique, les concerts, les rencontres, le suivi, l’échange.

Je fais partie des musiciens que certains marketeux étiquettent artistes « Do It Yourself ». Faire tout par soi-même…  Au début par nécessité. Aujourd’hui, par envie et défi.

Je pense que personne d’autre que nous ne peut mettre autant d’énergie dans la progression de notre projet. Avant je me disais : « Qui peut m’aider à avancer ? » Maintenant je me dis : « Comment puis-je avancer ? ». Bizarrement, je n’ai jamais rencontré et travaillé avec autant de gens différents depuis que j’ai changé mon point de regard. Le digital m’aide dans cela. C’est encourageant, nous sommes notre propre dynamo.

Pour retrouver Charly: www.charlyetsadrolededame.com, @charly_sddd

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About charly

Les « Drôles de Dames » étaient trois. Charly n’en a gardé qu’une : Gertrude, une guitare de 1890 dont il fouette l’épiderme avec passion. Le couple s’est assuré les services de l’incomparable Mister Cigar Box, boîte à cigares en authentique bois d’arbre ayant délaissé les volutes pour le rythme. Du bois, des cordes et des mots : la recette d’une folk percussive portée par un improbable mono-trio

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