“Creative Common fut une bonne idée. A l’époque…” Benjamin Lemaire

Comment présenter Benjamin Lemaire? Photographe, reporter et blogueur….Et vidéaste aussi. Co-fondateur, auteur de plein de choses sur le Transistor .


Ces tweets me font aussi régulièrement hurler de rire. Et le Transistor est certainement un des sites sur lequel je traîne le plus.  C’est pas pour rien que je leur ai demandé s’ils accepteraient de devenir partenaire privilégié. Et je dois avouer avoir sautillé pendant 10 minutes toute seule autour de mon bureau quand ils m’ont répondu positivement…

Autre chose, Benjamin a répondu à mes questions à 2h du matin. Simplement parce que je lui avais dit que je commençais l’intégration. Et ça, c’est rare.

J’avais donc suivi l’année dernière le “désaccord” sur l’utilisation de ses photos par un manager qui n’avait rien payé. En ces temps où l’on nous abreuve de piratage, de creative commons, de liberté mais sans payer, je trouvais extrêmement pertinent de demander à Benjamin son avis. Parce que la photo, c’est un secteur certainement encore plus sinistré que la musique…

Concrètement, quand on veut que Benjamin Lemaire fasse son portrait, on fait comment?

D’abord on réfléchit pour voir si c’est bien le mec qu’il faut et si son travail peut correspondre à ce qu’on veut. Ensuite on pense un peu à ce qu’on voudrait où à ce qu’on pourrait lui demander. Et puis à son budget. Enfin après on l’appelle, l’email, le twitter, le skype, le courriette, le msn, le facebook ou tout autre moyen qu’il plaira.

On peut ensuite faire tout ce qu’on veut des photos que tu as faites? Les publier où on veut, les vendre?

Ça dépend. Quand on achète les images on achète un certain type de droits précis (web only, droits commerciaux, pochette, presse, utilisation précise…) pour une durée donnée (utilisation unique, 1 mois, 2 ans, 10 ans…). Tout est possible en fonction des droits achetés. Par contre, si, par exemple, on a acheté les droits pour le web uniquement, on ne peut pas en faire une affiche ou une pochette d’album. Les tarifs sont différents. L’autre solution, c’est de commander une série d’image. C’est ce qui se passe pour une campagne : l’artiste achète la série (généralement une dizaine) d’images à un tarif forfaitaire qui inclus toutes les utilisations. C’est la solution open bar.

C’est quoi un crédit?

Le crédit, c’est quand on met (généralement en petit) le nom du photographe. Souvent on préfère metter DR quand on ne veut pas s’emmerder avec ça. C’est illégal. Le crédit est une mention aussi obligatoire que les crédits d’auteurs.

J’ai suivi ton aventure l’année dernière avec ce manager qui utilisait les photos d’une artiste sans t’avoir payé. Comment tu fais (ou que tentes tu de faire) pour éviter de retrouver ton travail copié-collé partout ?

Vaste sujet.

Il fut un temps où je mettais un maximum de protections pour éviter que les images ne soient prises pour être réutilisées à droite à gauche. J’ai arrêté. C’est beaucoup de temps et beaucoup d’énergie pour pas grand-chose au final. Ma solution la plus simple a été, par exemple, d’arrêter de mettre mes photos sur Flickr, devenu la source ultime et gratuite de la plupart des iconos sans scrupule.

Pour moi, ça passe plus par l’éducation : on a une page spécialement dédiée à ce problème sur LeTransistor.com qui explique pourquoi et comment on peut utiliser ou non une image.

On parle beaucoup de piratage dans la musique, est ce donc la même chose dans la photo?

Oui. C’est d’ailleurs une question assez drôle et pleine d’hypocrisie… On voit un peu partout des artistes qui défendent leur droit d’auteur et qui ont globalement réussi à faire prendre conscience que le piratage nuit à la création (et à leurs revenus) alors qu’ils prennent sans autorisation et sans cession de droit (autrement dit ils téléchargent illégalement donc piratent) des images à des photographes qui ont éditer leurs images sur un Photoshop ou un Lightroom piraté en écouté Spotify. Chacun voit midi à sa porte sans le chercher à quatorze heures. Du coup c’est le bordel. C’est aussi navrant que drôle.

Que penses-tu des creatives commons? Est-ce quelque chose qui te semble adapté pour ton travail?

Creative Common fut une bonne idée. A l’époque. C’était à dire quand Internet n’était pas encore un lieu où… y’avait plein de gens. Désormais, tout le monde est sur Internet. Autant si tu laisses en autonomie des dizaines de gens tu peux être sûrs que tu n’auras pas de problème, autant quand tu démultiplies les utilisateurs, tu peux être sûrs que y’en aura toujours pour foutre le bordel et abuser. C’est le problème des Creative Common.

Aujourd’hui il y a des agences de presse qui indexent les contenus CC pour les revendre, ou des magazines qui s’en servent à droite à gauche pour illustrer leurs pages.

C’est un peu ce dont je parlais dans la deuxième question. C’est problème de droit : les Creative Common sont des contenus mis à disposition gratuitement selon des critères assez clairs. Or, de la même façon dont je suis à peu près sur que si je vends une image pour 1 an uniquement pour le web, je la retrouverai dans 2 ans en affiche, j’ai noté que systématiquement, les licences CC étaient détournées, et que CC devenait synonyme de gratuité.

C’est la raison pour laquelle je ne mets plus aucune image en CC et que je vends rarement des images pour une utilisation précise. Je vends plus cher mais en incluant la totalité des droits. Ca évite bien des problèmes et des recours chers, inutiles, longs et sans retours.

Illustration photo “We want more”

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

4 comments

Moi aussi, les twitts de Benjamin Lemaire me font beaucoup rire. Mais derrière, il y a un professionnel très sérieux, et qui n’a pas la grosse tête 🙂

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